Science et nature, sobriété et société

Denis Monod-Broca

Ingénieur et architecte, secrétaire général de l’Afas
 

L’Afas a rendu compte du dernier rapport du GIEC sous la plume d’Alain Foucault, en août, mars et avril derniers lors de la sortie des différentes parties de ce sixième rapport.

Un mot mérite qu’on s’y arrête. Les scientifiques du GIEC, dans leurs recommandations – et c’est une nouveauté qui a été relevée – mentionnent la sobriété.

Ce simple mot de sobriété, dans sa sobriété même, toute descriptive, toute scientifique, en dit long. Ses implications sont multiples et considérables.

«Je suis sobre désormais», dit l’ex-alcoolique qui a su vaincre son assuétude. N’est-ce pas cet exemple-là que les rédacteurs du rapport nous invitent à suivre ? Pour limiter le réchauffement climatique et, aussi, pour préserver les ressources naturelles, y a-t-il une autre voie que celle qui consiste à vaincre notre addiction au «toujours plus» ?

Beaucoup de pays, beaucoup d’individus à la surface de la Terre ont à peine de quoi vivre, il ne s’agit pas de leur demander, à eux, d’être sobres, ils le sont, ils ne le sont que trop. Mais nous, nous pays riches, nous riches habitants des pays riches, nous avons trop et – comment en douter ? – nous devons nous désintoxiquer de ce trop. Quoi de plus difficile ? Inutile de se voiler la face.

Il revient à chacun de faire ses choix. Et il revient, aussi et surtout, à la collectivité de reconsidérer de fond en comble ses organisations et nos modes de vie.

La science constate, décrit, prévoit. Elle ne nous dit pas comment faire. À la politique, au sens le plus large et le plus noble du terme, de prendre le relai.

La science est tantôt glorifiée, tantôt décriée. Ne lui demandons pas ce qu’elle ne peut pas donner mais sachons tenir compte de ce qu’elle nous dit.

Le GIEC, dans son sixième rapport – et les cinq précédents n’ayant pas eu les effets escomptés – recommande la sobriété. La porte est étroite, le chemin long et difficile, alors ouvrons le débat, relevons le défi.