La troisième partie du sixième rapport du GIEC : dernier avertissement ?

Alain Foucault

Professeur émérite du Muséum national d’histoire naturelle (Paris)
 

Après avoir publié, pour son sixième rapport, les travaux de ses deux premiers groupes de travail (voir sur le site de l’Afas les articles «Changement climatique, le GIEC persiste et signe» et «Le GIEC publie le deuxième tiers de son sixième rapport»), le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) publie ceux de son troisième groupe de travail chargé de se pencher sur les actions pouvant être entreprises pour atténuer le réchauffement climatique.
Comme pour ses prédécesseurs, la lecture de ce rapport, gros en tout de 2913 pages, n’est pas chose aisée. Il est bien précédé d’un résumé pour les décideurs, mais qui ne peut rendre compte de la substance du texte complet, auquel il faut parfois se référer pour une bonne compréhension.

Une constatation donne le ton de ce rapport et sa leçon principale : nous avons déjà émis tellement de gaz à effet de serre qu’il ne nous en reste plus beaucoup à émettre si l’on veut rester dans les limites du raisonnable. Entre 2010 et 2019, les émissions cumulées de CO2 ont été de 410 Gt. Il ne faut pas ajouter plus du quart de cette quantité si l’on veut limiter le réchauffement à 1,5°C (500 Gt) et plus de deux fois cette valeur si l’on veut limiter le réchauffement à 2°C (1150 Gt).

Les auteurs ont examiné de très nombreux scénarios d’émission de gaz à effet de serre conduisant à des réchauffements plus ou moins rapides. Leurs conclusions sont inquiétantes : tous les scénarios qui limitent le réchauffement à 1,5°C et ceux qui le limitent à 2°C impliquent une réduction des émissions de gaz à effet de serre rapide et substantielle et, dans la plupart des cas, immédiate. Dans tous ces scénarios, les émissions mondiales doivent décroître au plus tard en 2025.

Les modélisations nous indiquent que ces réchauffements nous causeront des problèmes (voir sur le site de l’Afas l’article «Un nouveau rapport spécial du GIEC sur un réchauffement global possible de 1,5°C»). Mais si l’on se doute bien que ces problèmes intéresseront l’ensemble des activités humaines, les réactions de notre espèce sont bien difficiles à prévoir. Et cette absence de prévision sur ce qui va nous arriver explique peut-être notre manque d’empressement à prendre les mesures nécessaires.

Il est cependant urgent de prendre ces mesures pour limiter encore davantage et rapidement nos émissions de gaz à effet de serre. Pour cela, le rapport nous donne une quantité de solutions, touchant l’énergie, l’agriculture, les transports, les industries, etc.
Il ne reste plus qu’à les appliquer…