Histoire de l’AFAS

Claude Bernard
C. Bernard (1813-1878), premier président de l’AFAS

L’Association française pour l’avancement des sciences (AFAS) est plus que centenaire : en 1872, un groupe de savants parmi lesquels Claude Bernard, Paul Broca, Charles Combes, Alfred Cornu, Charles Delaunay, Charles Friedel, Armand de Quatrefages, Adolphe Wurtz, frappés des inconvénients d’une centralisation exagérée, se demandèrent s’il ne serait pas possible d’étendre de Paris à la province, dans toutes les villes, dans tous les centres grands ou petits de notre pays, une animation scientifique groupant non seulement les savants des laboratoires et les maîtres de l’enseignement mais aussi les industriels qui tirent de leurs recherches tant d’applications pratiques et tous ceux qui, sans être ni savants ni industriels, s’intéressent aux recherches scientifiques et en reconnaissent l’importance.

Pénétrés de cette vérité que la science a sa place partout, que partout elle peut être à l’origine de progrès dont le retentissement se fait sentir en tout temps et en tout pays, aussi bien dans les périodes fécondes de paix que dans les heures douloureuses de la guerre, nos fondateurs se mirent à l’œuvre.
De quelle manière pouvait-on arriver à réunir tous les concours, à faire coopérer tous les esprits, toutes ces intelligences, à rassembler tous les hommes épris du sentiment qui les animait ? L’idée d’une association qui s’étendrait sur tout le pays s’imposait. Mais quelle forme convenait-il de lui donner ?
L’hésitation ne fut pas de longue durée. Il existait en Angleterre, depuis 1837, une société florissante, la British Association for the Advancement of Science qui contribuait puissamment aux progrès de la science. C’était donc un modèle dont il convenait de se rapprocher puisqu’il avait donné d’excellents résultats. Aussi, après une étude attentive de cette suggestion, la création de l’Association française pour l’avancement des sciences était-elle décidée. L’idée fut d’ailleurs suivie dans d’autres pays où furent créées également des associations du même ordre (en Australie, au Canada, en Espagne, aux États-Unis, en Italie, au Portugal, en Suisse…) et dans le même esprit, au point d’entretenir entre elles des rapports les plus cordiaux. En France, en 1864, une société avait été fondée dans un but analogue : l’Association scientifique de France dont Le Verrier avait été le promoteur et dont il resta président jusqu’à sa mort. Cette association se proposait d’une part de créer un mouvement intellectuel dans les principales villes de France et d’autre part de recueillir des ressources qui devaient servir à encourager des recherches scientifiques. Malheureusement son activité devait progressivement décliner et, en 1872, ses membres ne se réunissaient plus ; ils recevaient seulement un journal hebdomadaire, le Bulletin scientifique, qui publiait le relevé de nombreuses observations astronomiques, météorologiques et des articles reproduits d’après diverses autres publications scientifiques.

Vers 1884, l’idée de fusion des deux sociétés, qui s’était déjà manifestée en 1872, prit corps. Milne Edwards père, qui était alors président de l’Association scientifique de France, étudia avec bienveillance les propositions qui lui furent soumises. Une commission, composée de membres des deux sociétés, examina le projet et établit les bases d’un accord qui fut sanctionné en 1885 par les assemblées générales des deux associations.
L’Association française pour l’avancement des sciences, fusionnée avec l’Association scientifique de France, devenait alors une société puissante, la fusion ayant fait disparaître les inconvénients qui résultaient d’une dualité sans intérêt pour la science.

Nous ne saurions retracer ici toute l’histoire et l’activité de l’Association depuis 1872. Cette histoire se trouve détaillée dans la collection de ses comptes rendus. Rappelons seulement que parmi ses présidents, on trouve les noms des plus grands scientifiques. Rappelons également que les buts et moyens d’action de l’Association, stipulés dans les articles 1 et 22 de ses statuts n’ont jamais varié. On ne saurait trop en souligner l’importance, surtout à l’époque actuelle où la science devient de plus en plus spécialisée et où les scientifiques ont tendance à se réunir surtout dans le seul cadre de leur spécialité.
 

Une étude des archives de l’AFAS de 1872, année de sa création, jusqu’en 1914 a été menée par le Groupe d’histoire et de diffusion des sciences d’Orsay (GHDSO). Un ouvrage rassemble les principaux résultats de cette recherche : Par la science, pour la patrie. L’Association française pour l’avancement des sciences (1872-1914), un projet politique pour une société savante (sous la direction d’Hélène Gispert, Collection Carnot, Presses universitaires de Rennes, 2002, 372 p.).
Une note de lecture, rédigée par Paul Caro, a été publiée dans le numéro 2003-2 de Sciences.

Voir également l’article de Marinette Solais (Groupe «AFAS» du GHDSO) paru dans la revue de l’AFAS, Sciences, en 1999 : «A l’origine de l’AFAS : quels hommes ? quelles idées ?»