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Conférence-débat
Mardi 6 mai 2025 à 14h30 à l'Institut Curie, Paris

Avec

Annick Harel-Bellan, directrice de recherche honoraire au CNRS
Claude Monneret, directeur de recherche honoraire au CNRS, ancien président de l'Académie Nationale de Pharmacie.

Modératrice : Rodica Ravier, directrice de recherche honoraire au CNRS

Découverte majeure dans le domaine de la régulation de l'expression des gènes, les micro ARN, petits ARN non codants, interviennent dans la plupart des processus biologiques. Leur rôle est d'inhiber la traduction en induisant la dégradation de leur ARN messager correspondant.


Inscription

Conférence-débat à l'Institut Curie (amphithéâtre Hélène Martel-Massignac)

11-13 rue Pierre et Marie Curie, 75005 Paris

Entrée gratuite, sur inscription préalable obligatoire.

Organisée par Chercheurs Toujours - Association française des chercheurs seniors, en partenariat avec l'AFAS

Denis Monod-Broca



Ingénieur et architecte, secrétaire général de l'Afas
 

Charles Gleyre (Chevilly, 1806 – Paris, 1874), Esquisse pour le Portrait de Madame Raffalovich
© Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Il a déjà été question en ces pages de cette femme étonnante que fut Marie Raffalovich (1832-1921) 

Russe, scientifique, polyglotte, issue d’une famille juive de banquiers d’Odessa, ayant fui, au milieu du XIXe siècle, la Russie tsariste et les persécutions contre les Juifs, mariée à son oncle Hermann, banquier lui aussi, installé à Paris, elle était mère de trois enfants, tenait salon, connaissait le tout-Paris scientifique, politique et artistique, et elle était la correspondante, bénévole, à Paris, du Journal de Saint-Pétersbourg.

Louis Landouzy, physicien et neurologue, président de l’Afas en 1909

En septembre 1909, elle y rend compte du discours prononcé par le professeur Landouzy, doyen de la faculté de médecine de Paris et président de l’Afas, lors de l’inauguration du congrès de l’Afas qui se tenait cette année-là à Lille.

Le « Journal de St.-Pétersbourg politique et littéraire » était publié en langue française, à Saint-Pétersbourg, il paraissait de une à trois fois par semaine, et il exista de 1825 à 1914, avec quelques interruptions. Il est présenté en outre par wikipedia comme ayant été un journal officieux du ministère des Affaires étrangères de la Russie.

Dans cet article Marie Raffalovich, sans que le lecteur fasse toujours la part entre ce qu’elle exprime de sa propre opinion et ce qui ressort de l’exposé de Landousy, s’étend avec enthousiasme sur les progrès de la médecine, c’est-à-dire sur les progrès tout à la fois de l’hygiène, de la prévention, de la vaccination, de la lutte contre la souffrance, de l’usage du microscope, des examens de laboratoire et donc des diagnostics, et sur ce que tous ces progrès doivent à l’introduction de la démarche scientifique, qui transforme cet art ancestral qu’est la médecine en une « science de la vie ».

On y apprend, curieusement, au passage, qu’on croyait à l’époque en une substance appelée Alexine :

« Nos humeurs renferment normalement une substance protectrice nommée Alexine ; elle est indispensable pour nous garantir contre la toxine ; mais tout en étant nécessaire elle n’est pas suffisante ; elle a besoin d’être associée à une autre substance, développée au milieu même des tissus infectés. Extraite, traitée par la méthode pasteurienne, et mélangée à l’Alexine, elle devient un antidote spécifique contre l’infection au milieu de laquelle on avait retiré la substance auxiliaire. »

Nouvelle preuve, s’il en était besoin, que le progrès des connaissances ne se fait pas, pas toujours, en ligne droite. Nouvelle preuve aussi qu’il n’est jamais facile de mettre en mots, de s’imaginer, de se représenter mentalement, des mécanismes naturels récemment découverts.

Article du Journal de St-Pétersbourg


Marie Raffalovich conclut ainsi son l’article :

« L’ambition [de M. Landouzy], – non pas personnelle – et d’autant plus noble et désintéressée, est d’imprimer à la thérapeutique un caractère sociologique, d’organiser la médecine biologique en science de la nature vivante en vue d’une application générale, mais, tout en étant ami d’une orientation nouvelle, il ne méconnait pas les ʺmerveilleuses observations de la Médecine traditionnelleʺ. Les intuitions de l’Empirisme ont devancé souvent les résultats acquis de la science.

S’il y a peu de maladies guérissables, il en est beaucoup qui sont évitables. Souhaitons longue vie à ceux qui travaillent à atténuer les maux dont ils ne peuvent nous délivrer : c’est autant de pris sur l’ennemi. »

C’était il y a 115 ans, beaucoup de maladies désormais sont guérissables. Mais ces quelques lignes contiennent cependant un enseignement : l’humilité sied à la démarche scientifique. Ce qui renvoie à l’introduction de l’article : « La médecine n’est pas une science de la mort ; elle ne peut pas l’empêcher ; elle n’essaie même pas de la combattre ; elle reconnait son inéluctable puissance ; elle sait que la matière organique doit fatalement faire retour au monde minéral […] ; entre le moment de la naissance, de l’éveil même à la vie embryonnaire, et la mort, entre ces deux limites extrêmes, la médecine a établi son siège. »

À l’heure des efforts du transhumanisme pour vaincre la mort, ces mots gardent une grande pertinence.


Merci à Catherine Guillaumat, descendante de Marie Raffalovich, pour la copie de l’article du Journal de St-Pétersbourg et pour l’idée du présent billet.

Rayons N

Tout le monde a entendu parler des rayons X, découverts en 1895 en Allemagne, mais peu de gens connaissent les rayons N, découverts huit ans plus tard à Nancy. En mars 1903, René Blondlot, professeur à l’université de Nancy, annonce la découverte d’« une nouvelle espèce de lumière », qu’il baptise « Rayons N » (N pour Nancy). Un nouveau coup de tonnerre dans le monde de la physique, qui n’en manque pas en ce début du XXe siècle.

(c) Gallica

Blondlot et ses collègues enchaînent aussitôt les expériences dans leur laboratoire de Nancy, et publient à un rythme effréné. A Paris, André Broca et le jeune Jean Becquerel vont se joindre à l’aventure. Le profil de ces nouveaux rayons se précise rapidement. A la différence des rayons X, ils n’ont aucune action photographique. Ils augmentent l’éclat d’une source lumineuse et c’est ainsi qu’ils sont détectés. Ils peuvent être réfractés, réfléchis, diffusés, polarisés. Ils traversent toutes les substances sauf le plomb, le platine, et l’eau pure. Ils peuvent être stockés dans le cristal de roche, se propager le long de fils métalliques, et même aiguiser nos sens : la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût. Par leur longueur d’onde, ils se situent entre les rayons X et l’ultraviolet. Les sources d’émission sont extrêmement variées : lumière, sons, matériaux mis sous pression : bois, fer, caoutchouc, verre. Une canne de bois de jonc pliée, une lame d’acier trempé datant de l’époque mérovingienne émettent des rayons N. Augustin Charpentier, physiologiste à Nancy, découvre que les organismes vivants sont également sources de rayons N : les végétaux (sauf le bois vert), les animaux (grenouille, lapin) ; chez l’être humain : les nerfs, les muscles et le cerveau lorsqu’ils sont en action. Ce nouveau développement fait le miel des adeptes du spiritisme, qui en revendiquent d’ailleurs la priorité. Des expériences spectaculaires sont décrites dans les journaux de grande diffusion comme Le Petit Journal qui tire à deux millions d’exemplaires : On place une plaque phosphorescente (du sulfure de calcium) près du cerveau d’une personne. Lorsque celle-ci parle, son cerveau s’active, et la plaque s’illumine. De même, on peut suivre le tracé des nerfs sous la peau, ou le contour du cœur. On compte sept publications de Charpentier pendant le seul mois de mai 1904. A la fin de l’année, Blondlot reçoit le prix Leconte de 50 000 frs de l’Académie des Sciences, (soit cinq fois son salaire annuel). Il a été préféré à Pierre Curie. Un triomphe pour Blondlot, qui peut espérer le Nobel ?

René Blondlot
René Blondlot

En fait, c’est son chant du cygne. Car les rayons N n’existent pas. Nous sommes en présence d’une erreur scientifique d’une envergure exceptionnelle. 250 articles ont été écrits par plus de 100 chercheurs à propos d’un phénomène purement imaginaire. Comment en est-on arrivé là ?

Rayons de la suggestion

Pendant que Blondlot, Charpentier et leurs amis volent de découvertes en découvertes, une petite musique vient de l’étranger qui devient peu à peu un grondement. En Allemagne, en Italie, en Angleterre (Cambridge), au Canada (McGill), on ne parvient pas à reproduire les expériences de Nancy. Celles-ci reposent sur l’observation à l’œil nu d’une faible variation de luminosité, une opération éminemment subjective. Blondlot affirme qu’il faut « éduquer » son œil. Une rumeur malicieuse circule dans les laboratoires européens : les rayons N ne sont visibles que par des Français ! Un physiologiste belge propose de les nommer « rayons de la suggestion », en référence à l’Ecole de Nancy fameuse pour l’étude de l’hypnose par suggestion.

Robert Wood
Robert Wood

En septembre 1904, le physicien américain Robert Wood est désigné par ses pairs pour trancher le débat. Il se rend à Nancy. On lui fait une démonstration, mais il ne voit pas les effets qu’on lui annonce. Lors d’une deuxième expérience, il subtilise discrètement un prisme d’aluminium, bloquant ainsi la production supposée des fameux rayons à l’insu des expérimentateurs, lesquels disent toujours voir les effets des rayons N ! Le rapport de Wood publié dans la revue Nature est accablant : il est convaincu que le phénomène observé est imaginaire. Il propose une expérience concrète qui permettrait de lever tous les doutes.

Une revue de vulgarisation scientifique française, La Revue Scientifique, lance alors une enquête auprès d’une cinquantaine de physiciens et physiologistes français. Une seule question « Les rayons N existent-ils ? » Un tiers des consultés n’ont pas d’opinion ou ne veulent pas l’exprimer. La majorité des autres conteste l’expérience de Blondlot et revendique une nouvelle expérience, qui soit objective, reproductible et décisive. Plusieurs donnent des exemples concrets. C’est le cas de J. Perrin, de P. Curie et même de la Revue Scientifique. Les ténors de l’Académie des Sciences affichent leur croyance aux rayons N, parce qu’ils font entière confiance à Blondlot ; c’est le cas de Berthelot, d’Arsonval, Poincaré, et d’Henri Becquerel, ce dernier supportant en plus son fils Jean. A noter que personne n’a réussi à reproduire l’expérience de Blondlot, en dehors du groupe de Nancy, ce qui déclenche l’ironie d’un physicien de Lyon : « Seule, ou peu s’en faut, la phalange des six expérimentateurs de Nancy possède une sensibilité rétinienne assez grande ». Selon le psychologue Henri Piéron, cette enquête a eu des effets positifs. Se sentant moins isolé, les sceptiques qui étaient discrets se sont enhardis « et il y eut une contagion du doute ».

Blondlot refuse d’entreprendre les nouvelles expériences qu’on lui propose. Il perd peu à peu ses derniers soutiens. En 1905, L’Académie, ne sachant sur quel pied danser, refuse un article de Blondlot, ainsi qu’un article de Turpain démontrant le rôle de la suggestion. L’affaire s’éteint d’elle-même par le silence des protagonistes. « Aucun d’eux n’eut le courage ou la liberté d’esprit nécessaire pour dire franchement s’être trompé» écrit H. Piéron en 1907. A noter que J .Becquerel fera en 1934 un retour sur cette période et reconnaîtra ses erreurs de jeunesse.

Blondlot préserve tout son prestige à Nancy : En 1908, l’Université le présente comme « un des maîtres, qui, à tous égards, nous fait le plus honneur ». Il prend sa retraite anticipée en 1910 et ne cessera de croire aux rayons N jusqu’à sa mort en 1930. Célibataire, il lègue sa fortune à la Ville de Nancy et son Université.

Illusion collective

L'affaire a fait l’objet d’innombrables études. Dès 1907, Piéron analyse cette « illusion collective ». Jean Rostand résume le sentiment général : « Ce qui est extraordinaire dans cette affaire c’est le nombre et la qualité des égarés ». Le nœud de l’affaire est le manque d’objectivité de l’expérience, ouvrant la porte à l’autosuggestion. Celle-ci porte à voir le résultat recherché, plus que la réalité. Ainsi Paul Langevin raconte son voyage à Nancy: « On m’annonçait avec soin ce que je devais voir. Avec une certaine disposition d’esprit, on peut arriver à voir n’importe quoi ».

Il y avait de bonnes raisons pour croire aux rayons N.

En 1903, Blondlot est un physicien vénéré, dont les travaux sur les ondes électromagnétiques inspirent le respect, et lui ont valu deux prix de l’Académie. Nombre de chercheurs consultés par la Revue Scientifique expriment une confiance quasiment aveugle en l’homme. « Je considère une erreur de sa part comme absolument invraisemblable » écrit l’un d’eux.

Un sentiment de fierté nationale a probablement aussi joué un rôle, spécialement en cette « université de la frontière » de Nancy, toute proche de l’Alsace Moselle, annexée par l’Allemagne en 1871. Une Allemagne qui vient de découvrir les ondes radio (1888, Hertz), les ultraviolets cosmiques (1893, Schumann), et les rayons X (1898, Röntgen). La France voulait aussi ses rayons !

Les études sont unanimes : il n’y a pas eu de fraude délibérée de quiconque. C’est bien le phénomène d’auto suggestion qui semble avoir joué, de manière collective, avec une ampleur que l’on ne pensait pas possible. C’est une des grandes leçons de cette histoire. Elle a conduit à la pratique renforcée des mesures à l’aveugle, dans lesquelles l’expérimentateur ne connaît pas le résultat attendu.

Cet épisode nous rappelle aussi que la science est humaine, et donc sujette à erreur. Et c’est pourquoi la validation continue de la communauté des chercheurs est impérative et doit rester au cœur de la démarche scientifique. La science est une aventure collective.

Pierre Potier


Bibliographie :

1. Blondlot : Rayons N Recueil des communications faites à l’Académie des Sciences (1904)

2. Le Montpellier médical août 1904

3. Le Petit journal 31 déc. 1904

4. Revue Scientifique n° 17 à 24 1904

5. Henri Piéron Grandeur et décadence des rayons N 1907

6. Mary Jo Nye N rays An episode of the History and Psychology of Science, 1980

7. Vincent Borella : Blondlot et les rayons N - Genèse et postérité d’une erreur scientifique 2006

Cet événement s'inscrit dans un cycle de webinaires « Matériaux ». Il a eu lieu jeudi 24 avril 2025 à 13h en visioconférence Zoom.

Les matériaux fonctionnels et responsifs seront abordés sous l’angle de leurs propriétés, de leurs réponses aux stimuli et de leurs applications. Toutes les familles de matériaux issus de la matière condensée sont concernées, y compris les matériaux bio-inspirés et adaptatifs. Une attention particulière sera portée aux couplages entre propriétés physiques et aux avancées récentes sur leurs performances fonctionnelles. 

Intervenants :
Emilie Moulin, Institut Charles Sadron, CNRS, Strasbourg, nous parlera de Matériaux stimulables à partir de machines moléculaires : Les chimistes de synthèse ont développé diverses molécules capables de produire des mouvements parfaitement contrôlés lorsqu'elles sont soumises à divers stimuli externes. Un défi majeur des nanotechnologies consiste à intégrer le mouvement produit par ces machines moléculaires jusqu'à l'échelle macroscopique. Nous présenterons les avancées réalisées par notre équipe dans le couplage de machines moléculaires et de polymères, notamment pour accéder à des actionneurs macroscopiques et pour concevoir des matériaux hors équilibre.

Fabio Denis Romero, CNRS, Institut Néel nous parlera de Ca2MnO3X (X = Cl, Br) – Oxyhalides with 1-dimensional ferromagnetic chains of square planar S = 2 Mn3+. Mixed anion materials tend to crystallise in layered structures due to the large difference in ionic radii between different anionic species. This tendency can be overcome by exploiting structural distortions, and prepare materials that crystallise in novel structure types. This strategy was employed to prepare Ca2MnO3X (X = Cl, Br). The structure of these compounds was solved using electron microscopy, revealing an arrangement containing zigzag chains of square-planar coordinated Mn3+.

Modérateurs : Sylvie Lartigue et Jean-Paul Itié, FFM


écureuil à pattes de feu
Jeanne Brugère-Picoux

Professeur honoraire de pathologie médicale du bétail et des animaux de basse-cour (Ecole nationale vétérinaire d’Alfort), membre de l’Académie nationale de médecine, présidente honoraire de l’Académie vétérinaire de France
 

écureuil à pattes de feu
écureuil à pattes de feu (c) Oddfeel

Le 14 août 2024, l’Organisation mondiale de la santé a qualifiée d’« urgence de santé publique de portée internationale » l'épidémie de Mpox (anciennement dénommée variole du singe) alors en cours sur le sol africain. Il s’agissait du clade 1b de l’Orthopoxvirus Monkeypox (MPXV), plus virulent que le clade II (taux de létalité respectifs de 10% vs 1%) qui a émergé en mai 2022 en Europe avec la diffusion sur tous les continents d’un variant (clade IIb), justifiant une alerte de l’Académie nationale de médecine en France [1].

Ces virus reconnaissent une origine zoonotique dans les forêts d’Afrique mais la nature des réservoirs animaux de ce virus ne sont pas connus avec certitude, même si différentes espèces de petits mammifères, et tout particulièrement de sciuridés (écureuils) sont suspectés de permettre la transmission à l’Homme [2] [3]. Mais aucun lien épidémiologique avec une infection humaine n’avait été confirmé en Afrique. Curieusement le risque zoonotique a été confirmé aux États-Unis en 2003 où 72 personnes ont été contaminées par des sciuridés autochtones (Cynomys ludovicianus ou chiens de prairie), ces derniers ayant été contaminés dans une animalerie par des cricétomes ou rats de Gambie (Cricetomys gambianus) importés du Ghana et destinés à être vendus comme animaux de compagnie non traditionnels (ACNT) [4]. Cette zoonose importée explique l’interdiction actuelle d’importation de rongeurs africains dans de nombreux pays.

Pour la première fois une équipe internationale de scientifiques suggère que le réservoir africain du Mpox pourrait être l’écureuil à pattes de feu (Funisciurus pyrropus), un rongeur forestier que l'on trouve en Afrique de l'Ouest et en Afrique centrale [5] [6]. Cette équipe, dirigée par Fabian Leendertz (cf encart), a observé en Côte d’Ivoire une épidémie de Mpox ayant touché le tiers d’un groupe de 80 singes Mangabey fuligineux sauvages (Cercocebus atys) de janvier à avril 2023 (avec 4 décès). Présents au moment de l’épidémie, les scientifiques ont pu disposer des échantillons réalisés dans le cadre de leurs travaux sur la surveillance des singes africains depuis 2001 [7] et isoler le virus. Rétrospectivement, l’étude des tissus et des écouvillons prélevés sur des animaux morts trouvés dans la région ont permis d’identifier un virus de génome identique dans un échantillon fécal datant de décembre 2022 d’une femelle mangabey dénommée Bako, mère du premier décès de Mpox ayant attiré l'attention des chercheurs, qui n’avait pas développé de symptômes. L’origine d’une contamination par la consommation d’un écureuil à pattes de feu fut alors suspectée du fait des enregistrements vidéos démontrant que ce rongeur était chassé et ingéré par les mangabeys dont Bako mais aussi par la découverte du virus dans un cadavre de ce rongeur un mois avant le premier échantillon fécal positif de Bako.

La publication [6], actuellement en cours de relecture dans la revue Nature, est la première preuve d’une transmission du MPXV entre deux espèces mais il reste à démontrer si l’écureuil est un réservoir sauvage asymptomatique ou une espèce sensible pouvant contracter ce virus et le transmettre.

Cette étude est particulièrement importante pour la santé publique car les écureuils et les primates non humains sont chassés, commercialisés et consommés par l’Homme en Afrique (viande de brousse). Leendertz et al auront maintenant pour but d’identifier si d’autres réservoirs animaux du MPXV existent dans la faune sauvage africaine, notamment les écureuils) pour rompre le cercle vicieux d’une exposition humaine (par contact et ingestion) à l’origine des épidémies actuelles dont l’importance est liée à l'arrêt de la vaccination contre la variole en 1980 et à leur extension dans d’autres pays liée à des contaminations interhumaines chez les Hommes ayant des relations Sexuelles avec des Hommes (HSH) et ayant des partenaires multiples [1].


Fabian Leendertz, responsable de ces travaux et directeur fondateur de l'Institut Helmholtz est un vétérinaire allemand. Il est membre de l’Académie nationale de médecine et de l’Académie vétérinaire de France. Il avait participé à la séance biacadémique organisée par Jeanne Brugère-Picoux et Jean Luc Angot [8] sur le sujet de la surveillance des grands singes africains dans le cadre de la pandémie de COVID-19 [9].


Bibliographie
[1] Académie nationale de médecine. Variole du singe : zoonose et infection sexuellement transmissible (IST) [Internet]. Comm; 2022. Disponible ici
[2] Curaudeau M, Besombes C, Nakouné E, Fontanet A, Gessain A, Hassanin A. Identifying the Most Probable Mammal Reservoir Hosts for Monkeypox Virus Based on Ecological Niche Comparisons. Viruses. 11 mars 2023;15(3):727
[3] Reynolds MG, Carroll DS, Olson VA et al C. A Silent Enzootic of an Orthopoxvirus in Ghana, West Africa: Evidence for Multi-Species Involvement in the Absence of Widespread Human Disease. Am J Trop Med Hyg. 1 avr 2010;82(4):746‑54
[4] Ligon BL. Monkeypox: A review of the history and emergence in the Western hemisphere. Semin Pediatr Infect Dis. oct 2004;15(4):280‑7
[5] Qiu J. An animal source of mpox emerges — and it’s a squirrel. Nature. 17 avr 2025;640(8059):575‑6
[6] Leendertz F, Riutord-Fe C, Schlotterbeck J, Lagostina L, Kouadio L, Herridge H, et al. Fire-footed rope squirrels (Funisciurus pyrropus) are a reservoir host of monkeypox virus (Orthopoxvirus monkeypox) [Internet]. 2025 [cité 15 avr 2025]. Disponible ici
[7] Gogarten JF, Düx A, Gräßle T, Lumbu CP, Markert S, Patrono LV, et al. An ounce of prevention is better: Monitoring wildlife health as a tool for pandemic prevention. EMBO Rep. 7 juin 2024;25(7):2819‑31
[8] Brugère-Picoux J, Angot JL. Covid-19 et «une seule santé» : aspects médicaux, vétérinaires et environnementaux. Séance Bi-académique de l’Académie nationale de Médecine et de l’Académie Vétérinaire de France. 3 décembre 2020. Bull Académie Vét Fr [Internet]. 2021 [cité 16 avr 2025];174. Disponible ici
[9] Gillespie TR, Leendertz FH. COVID-19: protect great apes during human pandemics. Nature. 26 mars 2020;579(7800):497‑497

Usine de production d'ammoniac, dans le complexe chimique de Linz, en Autriche (classée Seveso). (c) Gerry1987

La production d’ammoniac NH3 est une des plus importantes synthèses de la chimie industrielle. On en produit en France moins de 700 000 tonnes alors que la production mondiale est de plus de 180 millions de tonnes. L’ammoniac est majoritairement utilisé pour fabriquer les engrais azotés : urée, nitrate d’ammonium ainsi que les explosifs civils et militaires par l’intermédiaire de l’acide nitrique mais aussi une foule d’applications : acrylonitrile, fluide réfrigérant, etc. En France, quatre usines le produisent. Elles sont situées près de Rouen, Le Havre, au sud de l’Alsace et en Seine et Marne. Cette dernière, située à Grandpuits vient d’ailleurs de cesser sa production. Toutes appartiennent à des groupes étrangers : norvégien et tchèque. L’hydrogène nécessaire à la production d’ammoniac provient majoritairement en France du gaz naturel et ces usines sont pénalisées par le coût du méthane qui fluctue en fonction de la situation internationale.

Au XIXème siècle les engrais azotés et l’acide nitrique étaient obtenus à partir du guano et du caliche d’Amérique du Sud. À la fin de ce siècle, les ressources étant susceptibles de se tarir ou l’approvisionnement d’être perturbé, il a fallu tenter d’obtenir l’ammoniac d’une autre manière. Les chimistes ont commencé à travailler sur la synthèse de l’ammoniac à partir de l’azote de l’air et de l’hydrogène. Malheureusement le diazote est une molécule où les deux atomes sont liés par une triple liaison et sa réactivité est très faible. C’est seulement en 1909 que le chimiste allemand, Fritz Haber, va réaliser la synthèse. La réaction est une réaction équilibrée et exothermique. Elle est donc favorisée par les hautes pressions et la basse température. Cette basse température est antinomique avec la cinétique de la réaction qui demande une température élevée, ce qui implique un catalyseur. De plus le faible rendement impose un important recyclage des gaz.

En 1919, Carl Bosch de la BASF met au point la synthèse industrielle. Elle est techniquement très complexe car elle nécessite une pression de plusieurs centaines de bars et plusieurs centaines de degrés. De plus, à ces températures et pressions, l’hydrogène et l’azote fragilisent le métal (d’où l’explosion du réacteur d’ammoniac à Mazingarbe le 1er mars 1972). Le premier réacteur industriel a d’ailleurs été réalisé par le fabricant de canons Krupp. Les difficultés techniques vont en partie être résolues et en 1918, 100 000 tonnes d’azote étaient consommées par le procédé Haber Bosch. Ceci a permis aux allemands de surmonter le blocus sur les minerais d’Amérique du Sud et de fabriquer les explosifs pendant la première guerre mondiale. Après la guerre, l’ammoniac allemand a permis de produire de grosses quantités d’engrais azotés. C’est pour cela que le 21 septembre 1921 (exactement 80 ans avant l'explosion, due à des nitrates d’ammonium, à l’usine AZF de Toulouse) un important stockage d’engrais contenant du nitrate d’ammonium a explosé détruisant la ville d’Oppau. Actuellement diverses sociétés produisent des réacteurs pour la synthèse de l’ammoniac. On peut citer les noms de Casale, Haldor Topsoe, Kellog, Brown and Root, etc. Ce sont des merveilles de technologie, beaux exemples d’application de la science du génie des procédés et de la métallurgie.

La production d’ammoniac étant vitale pour les engrais azotés et étant à l’origine d’une forte pollution, elle fait l’objet de nombreuses recherches que l’on peut classer en trois points :

Le premier consiste à séquestrer le CO2 produit ou à utiliser de l’hydrogène plus vert en remplaçant sa production à partir du charbon ou des hydrocarbures par de l’hydrogène provenant de l’électrolyse de l’eau voire l’hydrogène naturel.

Le deuxième point consiste en l’amélioration du catalyseur pour réaliser la synthèse dans des conditions plus douces en pression et en température. Les premiers catalyseurs étaient à base de fer. Diverses recherches montrent l’efficacité du ruthénium et plus récemment de complexes du lutécium.

Le troisième point correspond à divers essais susceptibles d’applications à très long terme du type : utilisation de plasma pour affaiblir la triple liaison azote-azote ou tenter d’imiter les plantes dont certaines comme les légumineuses sont capables d’absorber l’azote de l’air.

On constate que la synthèse de l’ammoniac réalisée depuis plus de cent ans fait toujours l’objet d’importantes recherches susceptibles de résoudre tous les problèmes économiques et environnementaux que sa production implique.

Alain Delacroix

Professeur honoraire, chaire "Chimie industrielle - Génie des procédés" du Conservatoire national des arts et métiers

@Pexels

Une proposition saugrenue et inquiétante du ministre de la santé américain Robert Kennedy Jr pour lutter contre la « grippe aviaire » aux États-Unis : laisser le virus se propager pour sélectionner des volailles immunisées.

Une telle proposition témoigne d’une méconnaissance totale de la panzootie de peste aviaire qui sévit actuellement aux États-Unis. Elle est due à un virus influenza A hautement pathogène (IAHP) qui provoque une septicémie rapidement mortelle pouvant atteindre l’ensemble du troupeau. Avec un taux de mortalité proche de 100% avec ces virus IAHP, il est utopique de vouloir garder les rares volailles survivantes pour sélectionner des sujets immunisés dans un système d’élevage avicole qui pratique le « tout dedans-tout dehors ».

Au contraire c’est favoriser l’extension de la maladie dans le pays. Ce virus ne connaît pas les frontières car il touche aussi les oiseaux sauvages qui favorisent sa propagation. L’arrêt des mesures sanitaires limitant la contamination des élevages aviaires serait une véritable catastrophe pour les éleveurs : pertes économiques par l’augmentation des élevages atteints et la mortalité animale, perte d’une sélection génétique dans certains élevages de reproducteurs (dont les lignées de grand-parentaux). Au niveau international, les produits avicoles ne pourraient plus être exportés.

Économiquement, les consommateurs seront également concernés. Actuellement les produits avicoles ont augmenté sur le marché américain notamment les œufs (d’où la nécessité d’en importer). Ce déficit s’accentuera obligatoirement pour les œufs comme pour la viande.

Même si actuellement il n’y a pas de risque de pandémie lié à un virus de la peste aviaire car il n’y a jamais eu de contamination interhumaine, il n’est pas souhaitable de favoriser la multiplication d’un virus qui peut muter et favoriser ainsi l’apparition de nouveaux variants.

Il faut espérer que la proposition désastreuse du ministre Robert Kennedy Jr ne sera pas appliquée.

Jeanne Brugère-Picoux

Professeur honoraire de pathologie médicale du bétail et des animaux de basse-cour (Ecole nationale vétérinaire d’Alfort), membre de l’Académie nationale de médecine, présidente honoraire de l’Académie vétérinaire de France

Texte publié le 27/03/25

Livres
 Jon Copley

(Ed. EPFL Press, 2025, 120 pages, 14,15€)

Le livre est d’apparence plutôt austère. Une couverture en noir et blanc, aucune photo, aucun dessin. Mais le lecteur est vite happé par un texte alerte qui l’emmène dans l’univers fascinant du monde sous-marin.

L’auteur, Jon Copley, est océanographe. Il a dirigé plusieurs expéditions sous-marines importantes. En dix petits chapitres, il nous brosse un panorama court mais complet de ce vaste espace, qui occupe 71% de la surface du globe.

Le paysage sous-marin a été modelé par des phénomènes assez différents de ceux de notre monde terrestre. A une profondeur moyenne de 2.500 m, une crête longue de 65.000 km, « serpente autour du globe comme la couture d’une balle de tennis » A partir de cette « dorsale », la croûte océanique, poussée par les courants de convection du manteau fluide situé en-dessous, est constamment régénérée et s’éloigne « à la vitesse que poussent nos ongles ». Autour de ce phénomène étonnant, l’auteur explique brièvement la formation des volcans, plaines abyssales, vallées, canyons, cheminées, montagnes, fosses, qui peuplent le paysage sous-marin.

La vie est présente partout jusqu’au point le plus profond : - 10 950 m. Depuis les crustacés microscopiques jusqu’aux calmars de 13 m de long., on répertorie aujourd’hui 200.000 espèces, et on en découvre de nouvelles tous les jours. On se trouve devant « une véritable bibliothèque illustrant l’ingéniosité de la nature ». Exemple : l’escargot à pied écailleux, vivant à - 2.000 m dans l’océan Indien, réalise un exploit dont l’homme est incapable : il fabrique du sulfure de fer à basse température : L’homme va adopter sa technique pour améliorer la performance des panneaux solaires.

N’ayant pas de poumons remplis d’air comme leurs confrères au-dessus, les animaux sous-marins sont insensibles aux énormes pressions des profondeurs. Ainsi, le poisson-limace osseux vit à - 8.500 m C’est la limite pour les poissons, car en-dessous, le fonctionnement de leurs cellules serait affecté.

La nourriture vient surtout d’en haut. Dans les eaux de surface où perce la lumière du soleil, des algues se forment par photosynthèse, dont les krills se nourrissent. Les restes de ces repas, les excréments, et les cadavres tombent en « neige marine », dont profitent plus bas des créatures qui préfèrent cette manne plutôt que de s’épuiser à la chasse tel le vampire des abysses qui n’a qu’à étendre deux de ses dix bras pour déguster. Et la neige qui atteint le plancher océanique fait les délices de ses habitants tel le concombre des mers. Certains animaux suivent des régimes spécifiques : les charognards avec les carcasses de poissons, les palourdes xylophages avec le bois (3 millions de tonnes par an rejetées dans l’océan), les vers zombies avec les os dont ils dissolvent la couche minérale protectrice. « Dans les abysses, il y a très peu de gaspillage » remarque l’auteur. La photosynthèse n’est pas l’unique source d’énergie et de nourriture. La chimiosynthèse utilise l’énergie chimique du sulfure d’hydrogène des cheminées thermales. De même, l’electrosyntèse, utilise l’énergie de minuscules courants électriques entre les roches et l’eau de mer. La vie est possible sans la lumière du Soleil. Le monde sous-marin est décidément fascinant !

Les techniques de reproduction sont d’une incroyable diversité. Les calmars s’accouplent sans discernement peu importe le sexe, et même l’espèce du partenaire. Le concombre est hermaphrodite mais non autofécondant ; il reste fidèle à son partenaire : en témoignent leurs traces parallèles sur la boue de la plaine abyssale, « comme une voie ferrée ». Pour féconder ses œufs, la femelle du ver zombie garde sous la main un harem d’une douzaine de mâles, cent fois plus petits qu’elle. Celle du poisson-pêcheur fusionne dans un baiser permanent de toute une vie avec un mâle fournisseur de sperme. Le trophée du parent le plus dévoué revient à la pieuvre qui couve ses œufs pendant quatre ans, avant de mourir.

La lumière du Soleil est perceptible jusqu’à - 1.000 m. Dans cette zone crépusculaire, les animaux sont presque tous bioluminescents ; la lumière qu’ils émettent se confond avec celle du soleil et les rend quasi invisibles, une technique astucieuse appelée « contre-illumination ». Au-delà de 1.000 m, c’est l’obscurité totale, seulement troublée par les éclairs émis par les chasseurs, comme la pieuvre attirant les petits crustacés sur ses bras lumineux. Certains animaux n’ont pas d’yeux, comme le crabe de Hoff ; ils se guident par le son et l’odeur.

Dans un dernier chapitre, l’auteur s’alarme devant les effets multiples de l’activité humaine aux grandes profondeurs : chalutage de fond, exploration pétrolière (à – 3.400 m !) et minière (en projet). Il lance un appel pour une réglementation plus sévère.

Ce petit livre de 118 pages est passionnant et instructif. Le récit est fluide, parsemé de pointes d’humour. « J’espère que vous ne reviendrez pas tout à fait le même de cette aventure » souhaite l’auteur. Pari gagné !

Cycle « L'aventure des transitions »
Jeudi 3 avril 2025 à 18h au Cnam, Paris, et sur YouTube

L’intelligence artificielle s’impose comme une révolution majeure, bouleversant nos habitudes personnelles et professionnelles. Dans la vie quotidienne, elle simplifie nos tâches. Au travail, l’IA redéfinit les métiers. Pourtant, ces avancées suscitent aussi des interrogations. Comment maintenir l’équilibre entre humain et machine ? Comment tirer parti de la puissance de l’IA tout en préservant la créativité, l’éthique et l’intuition humaine ?

Table ronde, animée par Cécile Dejoux, professeure des Universités au Cnam, en présence de :

  • Grégoire Dupeloux, directeur de l’innovation et de la transformation Tata Consulting Services
  • Romain Jouin, Generative AI Ambassador Google
  • Michel Lutz, Chief Data Officer de Total Energies
  • Agnès Tran Pommel, Head of Change & Marketing GHR BNP Paribas

Cycle de conférences
« L'aventure des transitions »

Après un premier cycle de conférences consacré aux inventions, le Cnam propose en 2024-2025 un nouveau cycle dédié aux transitions écologiques et sociétales.
Pensé par et avec les écoles thématiques du Cnam, l’Ecole des transitions écologiques, l’Ecole de l’énergie, l’Ecole de la santé et l’Ecole du numérique et de l’IA, ce cycle de conférences s’adresse à tous les publics curieux des questions de société. L'occasion de mieux comprendre et appréhender les enjeux des transitions avec des spécialistes et d'échanger avec eux.

  • octobre et novembre 2024 : énergie
  • décembre 2024, janvier et mars 2025 : santé
  • février et mars 2025 : transitions écologiques
  • avril et juin 2025 : numérique et IA

Tous les jeudis, d'octobre 2024 à juin 2025, de 18h à 19h30
au Cnam, 292 rue Saint-Martin, 75003 Paris (Amphithéâtre Abbé Grégoire)
Entrée gratuite sur inscription.
Et en direct sur la chaîne YouTube du Cnam

Organisé par le Cnam
En partenariat avec l'AFAS

Cet événement sur la puissance osmotique a eu lieu jeudi 3 avril 2025 à 18h à l'Hôtel de l'industrie à Paris et sur YouTube

Pour voir le replay (sur Youtube) c'est ici

Avec les interventions de :
Lydéric Bocquet, directeur de recherche au CNRS et professeur de physique attaché à l'École normale supérieure
Roger Ben Aïm, ancien professeur des Universités et fondateur de l’Institut de filtration et des techniques séparatives (IFTS)

Modérateur :
Pierre Potier, ancien ingénieur dans le domaine de l'énergie, membre du Conseil d'administration de l'AFAS.

Introduction :
Laurence Paye-Jeanneney, ancienne présidente de l'AFAS

Lorsque de l’eau salée rencontre de l’eau douce, une énergie dite «osmotique» se libère, que l’on peut convertir en électricité.
Ce phénomène connu depuis des décennies vient de connaître des avancées remarquables tant sur le plan théorique que technologique. Une expérience-pilote est en cours dans le delta du Rhône, laissant entrevoir, pour la première fois, un mode de production d’électricité à la fois renouvelable et non intermittent, avec un potentiel mondial significatif.
La conférence portera sur les recherches passées et actuelles, le passage à l’application technologique, avec la mise en place d’une start-up, ainsi que sur les retombées industrielles envisagées.


Lydéric Bocquet entre à l'ENS en 1989 et sort diplômé en sciences en 1993. Il intègre le CNRS en 1995 où il est chargé de recherche jusqu'en 2002. De 2005 à 2010, il est membre de l’Institut universitaire de France. En 2010, il obtient également la bourse ERC Advanced Grant pour ses recherches sur la nanofluidique et la mesure d’écoulement dans des nanotubes. En 2014, il devient directeur de recherche au Laboratoire de physique statistique (LPS) de l’École normale supérieure (ENS). La même année, il obtient la Chaire d'excellence PSL. Il décroche en 2017 la médaille d’argent du CNRS pour l’originalité, la qualité et l’importance de ses travaux, reconnus sur le plan national et international. En 2018, il est de nouveau lauréat pour la bourse ERC Advanced Grant avec le Projet Shadoks.

Roger Ben Aïm est professeur d’Université, aujourd’hui retraité mais toujours actif en tant que conseiller scientifique à l'Institut de filtration et des techniques séparatives (IFTS) dont il est le fondateur. Il est également Distinguished Fellow de l'International Water Association (IWA), une organisation mondiale qui regroupe les professionnels et les chercheurs du secteur de l'eau.

Ancien ingénieur, diplômé de l’ECAM de Lyon et d'un master en énergie de l’Ecole polytechnique de Montréal, Pierre Potier a travaillé au Canada, aux États-Unis et en France (Alstom) sur des projets d’énergie électrique situés sur les cinq continents. Il a par ailleurs un diplôme de master en histoire des sciences (École normale sup Paris). Il est aujourd’hui membre du Conseil d’administration de l'Association française pour l'avancement des sciences.

Ancienne présidente et membre active de l'AFAS, Laurence Paye-Jeanneney est ancienne titulaire de la chaire "Recherche technologique et compétitivité économique" et ancienne administratrice générale du Conservatoire national des arts et métiers.


 

Cycle de conférences
Pour le Développement des Sciences et de l'Innovation (PDSI) au service des transitions

Rencontres d’information scientifique et technologique, à visée pédagogique et didactique, autour d’un scientifique et d’un acteur socio-économique, qui présentent une thématique à travers leurs connaissances et leurs expériences, contribuant à décrypter et présenter des solutions répondant aux enjeux de transition économique, sociétale, technologique, numérique et/ou environnementale.

Partenariat : AFAS – Société d'encouragement pour l'industrie nationaleSociété des ingénieurs et scientifiques de France (Ile-de-France)
Avec le soutien d'EcoLearn, MR21, e5t, BNI Saint-Germain-des-Prés, Pariscience, Cnes, CNRS, ABG