Conférence-débat
Mardi 4 novembre 2025 à 14h30 à l'Institut Curie, Paris

Avec
Johan Kieken
Planétologue, chargé de médiation pédagogique à Universcience.
et
Nathalie Karpel Vel Leitner
Directrice de recherches au CNRS, IC2MP, université de Poitiers.
Ils aborderont les thèmes suivants :
L’eau dans l’Univers et son origine sur Terre
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’eau est universelle : on la détecte partout. Sur Terre, bien sûr, mais aussi à travers tout le Système solaire, dans le milieu interstellaire, dans les galaxies les plus éloignées… et même à la surface des étoiles. Et que sait-on plus précisément de son origine sur Terre ?
et
Empreinte de l’Homme sur l’eau
Milieux aquatiques, apports industriels et domestiques, eau du « Robinet », … La composition de l’eau à différents stades de son cheminement sur terre est impactée par les humains. Cette conférence se propose de faire le point sur l’origine des contaminants des eaux, leurs teneurs, le rôle des traitements mis en œuvre pour l’eau potable, leurs efficacité et limite. Quelle perception a-t-on de la qualité de l’eau aujourd’hui ? De la ressource au verre d’eau.
Conférence-débat à l'Institut Curie (amphithéâtre Hélène Martel-Massignac)
11-13 rue Pierre et Marie Curie, 75005 Paris
Entrée gratuite, sur inscription préalable obligatoire (via le formulaire de contact ou à afas@afas.fr).
Organisée par Chercheurs Toujours - Association française des chercheurs seniors, en partenariat avec l'AFAS
Cet événement s'inscrit dans un cycle de webinaires « Matériaux ».
Jeudi 23 octobre 2025 à 13h en visioconférence Zoom.

Fouzia Boulmedais et Marc Guerre interviendront respectivement sur "Bioinspired Chitin-Based Nanostructured Antibacterial Coatings" et "Vitrimer Composites: Towards Reversible and Sustainable Polymer Materials”.
Bioinspired Chitin-Based Nanostructured Antibacterial Coatings
Inspirés par les ailes de papillon et les exosquelettes de crustacés, nous présentons la conception simple de revêtements entièrement biosourcés, anisotropes et antibactériens. Composés de nanocristaux de chitine, d'ion fer III et d'acide tannique, les revêtements d’épaisseur nanométriques ont été obtenus par une méthode simple et efficace de brossage au pinceau. Ils présentent des propriétés antibactériennes par contact contre Staphylococcus aureus (une bactérie à Gram positif) et Escherichia coli (une bactérie à Gram négatif).
Vitrimer Composites: Towards Reversible and Sustainable Polymer Materials,
Les vitrimères, matériaux capables de combiner la robustesse des thermodurcissables et la retransformabilité à haute température, apparaissent comme une alternative prometteuse. Cette nouvelle classe de polymères covalents dynamiques repose sur des liaisons chimiques réversibles, capables de se réorganiser à haute température. Grâce à cette propriété unique, les vitrimères ouvrent la voie à des matériaux réparables, reconfigurables et recyclables, notamment dans le domaine des composites, répondant ainsi à l’un des grands défis actuels de la science des matériaux : concilier performance et durabilité..
Modérateurs : Sylvie Lartigue, Jean-Paul Itié et Daniel Neuville, FFM
Fouzia Boulmedais est directrice de recherche au CNRS à l'Institut Charles Sadron à Strasbourg. Son activité de recherche porte sur l'utilisation d’un stimulus électrique pour induire la construction de films polymères ainsi que les films de polysaccharides et de protéines en tant que revêtements antibactériens. Elle est co-auteur de 130 publications et de 5 brevets. En 2013, elle a reçu le prix Jeune chercheur de la Division de la chimie physique, commun à la Société Chimique de France et à la Société de physique française. En 2024, elle a été lauréate du prix Jean-Pierre Pascault du Groupe Français des Polymères.
Marc Guerre est chargé de recherche CNRS au Laboratoire Chimie des Colloïdes, Polymères et Assemblages Complexes (Softmat, UMR 5623). Ses recherches portent sur la conception d’architectures macromoléculaires et de matériaux covalents dynamiques, avec un intérêt particulier pour les chimies disulfures et les durcisseurs biosourcés, ainsi qu’à l’implémentation de ces chimies dans des procédés industriels pour la fabrication de composites. Ses travaux, distingués par plusieurs prix dont le prix Jeune Chercheur de l’Institut de Chimie de Toulouse (2024) et du GFP (2024), ont donné lieu à 47 publications, 1 brevet et de nombreuses communications scientifiques.
Dominique Leglu
Ancienne directrice éditoriale à Sciences & Avenir - La Recherche
Découvrir la préhistoire autrement ? Deux expositions en hommage aux grottes ornées et aux sublimes gestes des hommes préhistoriques qui y ont dessiné et gravé, sont actuellement visibles jusqu’au début janvier 2026, au Musée national de préhistoire et au Pôle d’interprétation de la préhistoire (PIP), aux Eyzies (Dordogne). À ne pas manquer.

Deux points noirs sur le mur, et voici qu’un visage apparaît. Une forme insolite dans les nuages et c’est un dragon qui semble traverser le ciel. Cette tendance que nous avons, nous humains, à transformer des éléments disparates en une forme connue, cette inclination pour la paréidolie1, les visiteurs du Musée national de préhistoire des Eyzies (Dordogne) devraient désormais la ressentir avec plaisir dès l’entrée. Y trône en effet depuis plusieurs semaines l’œuvre intrigante d’Aurélien Mauplot, commande publique qui continuera d’orner ces lieux emblématiques, quand l’exposition de l’artiste intitulée « Les mondes invisibles » se terminera en janvier 20262. Alternance de griffures noires et blanches, de sillons dorés, de rayons verticaux dans 20 panneaux accolés, c’est l’ambiance mystérieuse des grottes ornées qui semble se révéler. Le visiteur y décèle-t-il comme une présence d’ours ou de tigres à dents de sabre ? D’Homo Sapiens soi-même ayant labouré la paroi de son grattoir ? Des visages ou corps émergent-ils ? Chacun est libre de ses visions et de son interprétation de l’œuvre nommée « Jekstàt »3.

Pour l’artiste resté en résidence pendant trois ans dans ce bourg du Périgord où fut trouvé Cro-Magnon en 1868, ce sont les traces, les « vestiges des gestes » des hommes – ou femmes - préhistoriques qui impressionnent (lire aussi encadré ci-après). D’où cette œuvre abstraite qui devrait susciter les commentaires. Et ce, en sus des dessins ou gravures emblématiques que les amoureux de la préhistoire ont évidemment en tête – chevaux de Lascaux, bisons de Font-de-Gaume, mammouths de la grotte de Rouffignac...
Au fil de la visite dans les étages du musée, deux des multiples propositions de l’artiste sont à ne pas manquer. Émouvant, cet agrandissement spectaculaire imprimé sur une vaste bâche de corps et visages de femmes vues de profil, à l’origine discrètes gravures sur une plaquette remontant au magdalénien4. Très étonnante aussi, la vision en noir d’encre de Chine de la forme des grottes, leurs couloirs et leurs salles. Résultat, tout un mur orné d’une multiplicité de figures dansantes telles de petites rivières, ou encore sarments de vigne serpentiformes et grosses bouteilles avec goulot. Le tout imprimé sur les pages jaunies de l’ouvrage de Jules Verne, « Voyage au centre de la terre ». Inspirant.
Voir notre interview d'Aurélien Mauplot sur YouTube

Grottes et BD
Réitérer à leur manière les gestes des humains dans les grottes ? Sept auteurs/autrice de bande dessinée, devenu(e)s « peintres rupestres »5 y ont été conviés lors d’une expérience unique, menée en septembre 2022, dans une grotte du Parc naturel régional des causses du Quercy (Géoparc mondial Unesco), non loin de la célèbre Pech-Merle. Dix jours d’immersion souterraine et d’inspiration au pinceau qui donnent lieu, outre l’album collectif Pigments (Ed. Futuropolis) paru en 2024, à l’exposition « L’expérience rupestre » qui vient de s’ouvrir au Pôle d’interprétation de la Préhistoire6. Apprivoiser la pierre calcaire, ses creux et ses bosses, son immensité comparée à une petite feuille de papier en deux dimensions ; S’habituer à travailler à la seule lumière de sa lampe frontale ; Partager ses impressions avec les autres dessinateurs... Et retrouver l’esprit des anciens, qui avaient « sanctuarisé certaines espèces » en peignant au fond des grottes, souligne Emmanuel Guibert, grand prix 2020 d’Angoulême. Tel a été le pari des dessinateurs, pour qui cette performance fut « une fête, dont on ignore le sens, au fond », estime David Prudhomme. De quoi découvrir la préhistoire autrement, notamment par les plus jeunes, grands adeptes de BD.
Pierre Potier
Ingénieur
L’Observatoire de l’astroblème de Charlevoix1 est un petit musée scientifique qui vaut le détour. Il est situé à La Malbaie, à 140 km au nord de la ville de Québec, et il nous raconte une histoire extraordinaire, qui a bouleversé la région, et probablement la Terre entière.
Il y a 450 millions d’années (450 Ma), une énorme météorite de 4000 m de diamètre fonce droit sur la région de Charlevoix, à la vitesse de 70 000 km/h. L’impact produit une gigantesque onde de choc et la température devient extrême jusqu’à des centaines de km à la ronde. Les roches se liquéfient ou se vaporisent. La météorite elle-même est complètement désintégrée et disparaît. Un cratère de plus de 50 km se forme. Une « montagne centrale » surgit au point d’impact, centre du cratère. Tout s’est passé en quelques secondes. L’énergie mise en jeu correspond à des centaines de millions de fois celle de la bombe larguée sur Hiroshima.
Cet incroyable scénario d’apocalypse constitue le fil conducteur de notre visite. Une visite guidée, qui se fait en deux étapes.

En première partie, nous sommes conviés à un petit cours sur les météorites. Celles-ci proviennent en grande majorité de la ceinture des astéroïdes qui gravitent entre les orbites de Mars et Jupiter. A la suite de collisions, des astéroïdes de toutes tailles tombent en grand nombre sous l’attraction terrestre. La plupart se consument entièrement en traversant notre atmosphère, laissant une traînée blanche dans le ciel ; ce sont nos étoiles filantes. Les plus gros survivent à la traversée et atteignent notre sol, brûlés en surface. Ce sont les météorites. Le musée en expose de multiples fragments, découverts dans plusieurs coins du monde (Russie, Sahara), et d’origines diverses comme l’astéroïde Vesta. Le visiteur peut prendre dans ses mains ces cailloux venus du ciel : une expérience rare, et un moment particulier pour l’amoureux des sciences !

Vue sur le cratère à moitié immergé
La deuxième partie de la visite est consacrée à l’astroblème de Charlevoix, et aux impacts météoritiques dans le monde. On appelle astroblème un vieux cratère d’impact déformé par l’érosion. C’est le cas du cratère de Charlevoix qui, depuis 450 Ma, a subi l’action de l’eau, des glaces et des mouvements de la croûte terrestre. Il présente des contours incertains.
Une maquette à l’échelle 1 : 25 000 permet de comprendre la géologie très diversifiée de la région avant et après l’impact. A l’époque de l’évènement, la région était située dans l’hémisphère Sud : Le continent, appelé Laurentia, a ensuite dérivé jusqu’à sa position actuelle, à une vitesse qui correspond à celle de la croissance des ongles !
Aujourd’hui, la moitié du cratère est immergée sous les eaux du fleuve Saint Laurent. Son centre, point d’impact de la météorite, se situe à proximité du fleuve. Là se dresse le Mont des éboulements, à 768m d’altitude, une « montagne centrale » typique de ces cratères, l’une des mieux préservées au monde. Elle résulte d’un phénomène de rebond qui a suivi immédiatement le creusement du cratère.

Autour du point d’impact, on trouve des roches qui ont été fracturées selon des courbes caractéristiques d’une onde de choc. Ce sont les « cônes de percussion ». En découvrant plusieurs de ces cônes dans la région en 1966, le géologue Jehan Rondot en a déduit l’origine météoritique du relief de Charlevoix. Le visiteur peut observer de très beaux échantillons de ces preuves indiscutables de l’évènement. D’une façon plus générale, le musée abrite une exceptionnelle collection d’impactites, ces roches créées ou modifiées par un impact de météorite.
Une vitrine est consacrée à la présentation de dizaines de cratères et astroblèmes remarquables dans le monde. Le jeune et petit Meteor Crater en Arizona (1 km de diamètre, 50 000 ans) a une forme parfaite. Le plus vaste astroblème du monde se trouve en Afrique du Sud (300 km, et 2 000 Ma) ; Avec ses 54 km de diamètre, Charlevoix se situe en 11e place. L’astroblème qui a entraîné la disparition des dinosaures au Mexique est beaucoup plus récent que Charlevoix (190 km, 66 Ma).

La météorite de Charlevoix aurait-elle contribué à la grande extinction de la fin de l’Ordovicien (-450 Ma) qui concerne 85% des espèces sur Terre de cette époque ? Des études sont en cours pour dater la chute de la météorite au million d’année près, et confirmer ou non cette hypothèse.
Autre sujet d’étude : le lien possible entre la météorite et l’activité sismique de faible amplitude mais de fréquence exceptionnelle (tous les deux jours) que connaît la région.
L’Observatoire de l’astroblème de Charlevoix est un remarquable outil de vulgarisation des sciences, qui reçoit quelque 8000 visiteurs par an. Sa visite est plaisante et on en ressort avec la sensation d’être plus savant qu’en y entrant ! Par l’originalité de son sujet et la clarté des présentations, ce musée captivera toute personne qui cherche à mieux comprendre le monde qui nous entoure.
Pierre Potier, visite en septembre 2025
« L'invité du jeudi »
Jeudi 16 octobre 2025 à 18h30 en visioconférence Teams

Avec James Lequeux, astronome émérite à l'Observatoire de Paris
Depuis la plus haute Antiquité, l'homme s'est demandé s'il pourrait y avoir de la vie ailleurs que sur la Terre. Cette question est toujours brûlante et nous n'avons toujours pas la réponse, bien qu'on ait cru quelquefois l'avoir. Le sujet a suscité et suscite toujours des controverses passionnées ; la passion suscitant l'imagination jusqu'à l'irrationnel, l'histoire abonde en visions farfelues dont une sélection sera présentée dans cette rencontre avec James Lequeux.
James Lequeux est astronome émérite à la renommée internationale, connu pour ses contributions majeures à la radioastronomie et à l'étude des galaxies naines, du milieu interstellaire et de la formation des étoiles, notamment dans les Nuages de Magellan.
Pionnier dans la conception d’instruments pour la station de radioastronomie de Nançay, qu’il a dirigée, il a également occupé le poste de directeur de l’Observatoire de Marseille pendant cinq ans. Pendant quinze ans, il a été rédacteur en chef de la revue scientifique européenne Astronomy & Astrophysics, renforçant son rôle dans la diffusion des connaissances astronomiques.
Depuis sa retraite, James Lequeux s’est consacré à l’histoire des sciences, en particulier de l’astronomie. Il est l’auteur de nombreux ouvrages de vulgarisation et d’enseignement qui mettent en lumière des figures scientifiques emblématiques comme François Arago, Léon Foucault, Urbain Le Verrier, Hippolyte Fizeau, ou encore l’histoire de l’Observatoire de Paris. En 2014, son apport à l’histoire des sciences a été couronné par le prix de l’Académie des sciences pour le meilleur ouvrage dans ce domaine.
À travers ses recherches, ses ouvrages et son engagement pour la vulgarisation, James Lequeux demeure une figure incontournable de l’astronomie contemporaine et de son histoire.
Inscription préalable obligatoire, pour obtenir le lien informatique de la visioconférence
L'invité du jeudi
Rendez-vous mensuel en visioconférence, qui a pour objet d’alimenter la curiosité scientifique et technique des participants, de s'interroger sur de grands enjeux de société et de débattre collectivement des évolutions en cours.
Animées par des experts passionnés de leur domaine d’intervention, les conférences traitent de sujets d’actualité mais en prenant le recul nécessaire. Elles sont suivies d'échanges avec un grand témoin et le public.
Un jeudi par mois, de 18h30 à 20h, en visioconférence via l'application Teams
Inscription préalable obligatoire, pour obtenir le lien informatique de la visioconférence
En partenariat avec le Cnam Bretagne
Cet événement a eu lieu jeudi 16 octobre 2025 à 18h à l'Hôtel de l'industrie à Paris et sur YouTube
Le Replay est ici

Avec les interventions de :
- Frédérique Bonnet-Brilhault, psychiatre et professeure de physiologie à l'Université de Tours
- Marc Travers, co-gérant de Imagin-VR
Modératrice :
- Catherine Le Louarn, docteur en médecine, membre du Comité Communication et Formation de la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale
Un enfant sur six est concerné par un trouble du neurodéveloppement (autisme, troubles de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) et troubles Dys …). Il importe de les repérer dès que possible. Ces particularités du développement cérébral marquent souvent durablement la vie adulte.
S’il n’existe pas encore de traitement curatif, les avancées en neurosciences permettent aujourd’hui un repérage et un accompagnement adaptés, capables d’infléchir favorablement la trajectoire développementale.
L’innovation technologique apporte également de nouvelles réponses : à l’instar du centre d’excellence Exac-t de Tours et du Grand Ouest, qui développe avec une entreprise des dispositifs immersifs innovants aidant les enfants à s’adapter à différents environnements grâce à la plasticité cérébrale.
Ces initiatives et d’autres seront présentées lors de cette conférence.
Frédérique Bonnet-Brilhault, est psychiatre et professeure de physiologie à l'Université de Tours. Elle est responsable du Département de Psychiatrie de l’Enfant et de l’Adolescent et chef de service Autisme et TND du CHRU de Tours, co-responsable de l’équipe « Autisme et neurodéveloppement » de l’UMR INSERM 1253 IBrain, coordinatrice du Centre Ressources Autisme (CRA) de la région "Centre Val-de-Loire" (CVL). Elle est responsable du Centre d’Excellence et de la Fédération Hospitalo-Universitaire EXAC·T où se fédèrent des équipes de recherche, des cliniciens et des personnes concernées pour, collectivement, faire avancer les connaissances sur l'Autisme et les Troubles du Neurodéveloppement et permettre leur diffusion au plus grand nombre.
Marc Travers, après dix ans dans un laboratoire de recherche en Réalité Virtuelle (VR), où il a contribué à des projets stratégiques pour l’armée et de grands industriels (aéronautique, naval, automobile), il s’associe avec Marc Douzon pour explorer les technologies immersives de VR sans casque.
En 2018, ils fondent Imagin-VR, société innovante qui conçoit, développe et brevète des solutions immersives, interactives et collaboratives, 100 % françaises. Leurs applications couvrent aujourd’hui l’industrie, le BIM, la formation et la SANTÉ, améliorant à la fois les environnements de travail et les conditions de
vie.
Catherine Le Louarn, docteur en médecine et HEC-EMBA, Déléguée générale du cercle Φ La Société & Cie, membre du Comité Communication et formation de la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale.
Cycle de conférences
Pour le Développement des Sciences et de l'Innovation (PDSI) au service des transitions
Rencontres d’information scientifique et technologique, à visée pédagogique et didactique, autour d’un scientifique et d’un acteur socio-économique, qui présentent une thématique à travers leurs connaissances et leurs expériences, contribuant à décrypter et présenter des solutions répondant aux enjeux de transition économique, sociétale, technologique, numérique et/ou environnementale.
Partenariat : AFAS – Société d'encouragement pour l'industrie nationale – Société des ingénieurs et scientifiques de France (Ile-de-France)
Avec le soutien d'EcoLearn, MR21, e5t, BNI Saint-Germain-des-Prés, Pariscience, Cnes, CNRS, ABG
Dominique Leglu
Ancienne directrice éditoriale à Sciences & Avenir - La Recherche
À l’exposition universelle 2025 d’Osaka, qui a fermé ses portes le 13 octobre 2025, les termes de connectivité, durabilité, intelligence artificielle... ont été mis en exergue dans nombre de pavillons, mais avec l’injonction par nombre de pays à s’ancrer dans leurs traditions. Paradoxe ? Peur d’un avenir robotisé et déshumanisé ? Des innovations, oui, mais celles ouvrant vers un futur souhaitable. Reportage.

Innovation et connectivité, d’accord, mais sans oublier les traditions ! A l’heure où vient de fermer, le 13 octobre 2025, l’Exposition universelle 2025 à Osaka (Japon) dont le slogan a invité à « Concevoir la société du futur, imaginer notre vie de demain », c’est un appel à ancrer l’évolution des techniques dans la culture de son pays que chaque pavillon national a défendu, sur la petite vingtaine (lire encadré) que nous avons pu visiter1. Un exemple frappant ? Celui des Émirats arabes unis, qui ne cessent depuis plusieurs années de mettre en avant leur engagement dans le spatial. Dans leur pavillon, trônaient des sortes de hautes futaies – colonnes-piliers conçus avec une technique traditionnelle consistant à attacher ensemble des frondes de palmier séchées - un symbole de durabilité. Mais le plus étonnant résidait encore ailleurs, dans une fusée flanquée de deux boosters, au revêtement... de paille beige tressée. Et à ceux qui n’auraient pas compris le message global « Earth to Ether » (« de la Terre à l’éther », clin d’œil à une vision à l’ancienne d’évoquer le ciel, à la conquête duquel partent les Émirats), il a été noté sur un écran interactif que « pour naviguer dans le désert et sur les mers, leur peuple a observé les étoiles ». Bravo les constellations de satellites, qui autorisent une grande connectivité terrestre, mais n’oublions pas l’importance de l’astronomie la plus traditionnelle. Il faut continuer à lever les yeux et à savoir lire les constellations...
À ce sujet, on sait la forte inquiétude actuelle des astronomes devant les graves perturbations qu’occasionnent les grappes de satellites en orbite basse, passant devant l’objectif des télescopes. Le ciel profond va-t-il devenir inatteignable à leurs observations depuis le sol ? A tous ceux que le sujet captive, l’AFAS conseille de voir (ou revoir) la rencontre du 25 septembre 2025, qu’elle a co-organisée avec la Société d’encouragement pour l’industrie nationale (SEIN) et la société des ingénieurs et scientifiques de France (IESF), intitulée « Pollution de l’espace. Quelle régulation ? »2.

Même antienne à Osaka pour le pavillon indien, enveloppé dans des gazes en forme de pétales de fleur de lotus, vantant dans le même temps sur son grand toit plat, la spectaculaire réussite de la mission lunaire Chandrayaan-3 de 2023. Et ce, grâce aux lumières de 72000 LED reproduisant en mode pixellisé le module Vikram (« vaillance ») en train d’alunir au pôle sud de notre satellite. Une réussite qualifiée d’historique, quand la Russie voyait son Luna-25 s’écraser sur l’astre sélène en ces mêmes lieux. Quelques signaux de plus ? Deux immenses mains jointes pour un namaste (« bonjour » ou « au revoir » issu du sanskrit) ont accueilli le visiteur, l’une d’elles représentant la technique (des lignes d’un micro-processeur dessinées sur cette main), l’autre la tradition. Visible dès l’entrée, une tapisserie traditionnelle recouvrait un mur, des broderies brillantes sur fond noir représentant un circuit intégré. « Oui, nous voulons l’alliance de la culture et de la technologie. Le meilleur des technologies tout en restant ancrés dans notre culture, tel est notre message », confie Dr Garima Mittal, directrice générale du pavillon. C’est seulement dans des vidéos projetées en boucle, donc bien plus éphémères, que les visiteurs ont pu être sensibilisés à l’« Innovative India » et ses « plus de 100 licornes, ce qui place le pays au 3ème rang mondial ».

Dans leur propre pays, les Japonais, qui ont voulu prôner l’économie circulaire, souhaitaient également parler directement au citoyen. D’où ce slogan général affirmant que le Japon a élaboré « Un pavillon qui mange les déchets ». Et de montrer, dès l’entrée serpentant entre d’élégantes cloisons de bois, les plats ou boissons traditionnels utilisant beaucoup de plastique ainsi que les restes de nourriture, le tout à impérativement recycler pour faire baisser la pollution tout en fabriquant du biogaz... Oui aux microorganismes et à la connaissance de la chimie, biochimie, nutrition... mais ancrée, en particulier, dans la tradition de la consommation des algues. Et de rappeler leurs innombrables bienfaits, pour le climat et le bien-être des humains, car pouvant « absorber 14 fois plus de CO2 qu’un cèdre » ; « produire 36 fois plus de protéines que le soja ou 50 fois plus de protéines que la viande de bœuf »...
On se demande maintenant comment se positionnera en 2030 l’Arabie Saoudite, où se déroulera la prochaine exposition universelle, dont les projets faramineux (Neom, The Line, Oxagon3...), robotisés et hyperconnectés, donnent a priori l’impression d’être peu écologiques. À Osaka, les visiteurs s’interrogeaient déjà sur ce caractère, au vu des forêts qui avaient dû être abattues pour construire la spectaculaire construction de bois de 2,1 km de circonférence, 20 mètres de haut enserrant les pavillons. Un magnifique « Grand Anneau » mais peu écologique sur une île elle-même artificielle et gagnée sur l’océan.
Peu médiatisée en France, l’Exposition Universelle d’Osaka a surtout attiré les Japonais et visiteurs asiatiques. Nous avons pu voir 16 pavillons (liste ci-dessous) et établi un classement subjectif pour 7 d’entre eux :
*Brésil, le plus captivant, avec une scénographie originale (matières gonflables mobiles) et des messages universels puissants (déforestation, santé mentale, émission de gaz à effet de serre...)
*Portugal, consacré à l’indispensable protection de l’océan, très émouvant.
*Japon, élégant et pédagogique sur la durabilité
*Émirats arabes unis, créatif dans son alliance tradition-spatial (voir article ci-contre)
*Pologne, Lituanie et Lettonie, interactifs et incitant à innover avec la nature.
*France, avec son slogan « Un hymne à l’amour » est une vraie publicité pour ses sponsors (Vuitton, Dior...), et pratique aussi l’alliance tradition-modernité avec élégance : belle tapisserie d’Aubusson représentant une image du film princesse Mononoke ; un vieil olivier de 1000 ans venu du sud de la France sera réimplanté à Kyoto ; hommage à Notre-Dame de Paris en reconstruction pixellisée. A noter, le pavillon français a été l’une des principales attractions (officiellement, près d’un visiteur sur cinq de l’exposition, plus de 4 millions de visiteurs fin septembre), hors celui du Japon.
Liste des pavillons visités sur les 200 pays et institutions représentés : Algérie, Arabie Saoudite, Bangladesh, Brésil, Cambodge, Earth at night, Espagne, France, Inde, Japon, Lettonie et Lituanie, Pologne, Portugal, Thaïlande, Pavillon Panasonic « The land of Nomo », Pavillon Sumitomo.
Jeanne Brugère-Picoux et Matthieu Henry
Jeanne Brugère-Picoux Professeur honoraire de pathologie médicale du bétail et des animaux de basse-cour (Ecole nationale vétérinaire d’Alfort), membre de l’Académie nationale de médecine, présidente honoraire de l’Académie vétérinaire de France et Matthieu Henry, Dr Vétérinaire, Clinique Vétérinaire HENRY, 55150 Mangiennes
Depuis l’apparition pour la première fois en France de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) caractérisée par des lésions cutanées survenant rapidement après une hyperthermie initiale, les moyens mis en œuvre pour limiter la propagation de cette maladie ont révélé leur efficacité en Savoie et Haute Savoie.
Néanmoins les trois foyers observés ultérieurement dans l’Ain et dans le Rhône témoignent que nous n’étions pas à l’abri d’un déplacement illégal d’animaux infectés. Ces nouveaux cas hors des foyers qui étaient circonscrits et les conséquences de l’apparition d’une DNC dans un élevage peuvent expliquer dans ce contexte l’inquiétude des éleveurs dès l’apparition de lésions cutanées d’étiologie incertaine dans leur troupeau, même s’il s’agit de zones géographiques indemnes loin des foyers confirmés et en l’absence de tout autre symptôme pouvant justifier un appel du praticien. La figure 1 présentant une augmentation très significative des cas de suspicions négatives depuis le 79ème foyer lyonnais témoigne de cette inquiétude.

Diagnostic d’un cas de PDNC en Meuse
Ce fut le cas d’une suspicion de DNC déclarée début septembre dernier dans un élevage de 700 vaches laitières à plus de 450 km du foyer lyonnais dans la région de Verdun avec les commémoratifs suivants : une hyperthermie transitoire (39 à 40°C) suivie de l’apparition de plusieurs nodules cutanés répartis sur tout le corps en l’absence de tout autre symptôme pouvant évoquer la DNC : appétit conservé ; pas de diminution de la production laitière, pas de mortalité, une hypertrophie ganglionnaire surtout observée en fin d’évolution. Certaines des lésions cutanées présentaient une zone centrale intacte, entourée d’un anneau circulaire donnant un aspect « à l'emporte-pièce » formant une surface surélevée et pratiquement plane. La préhension des zones cutanées affectées permettait de constater un léger épaississement sans noter réellement la présence d’un nodule. Ces lésions pouvaient être variées : œdème cutané évoquant des papules parfois importantes du fait de leur coalescence formant des lésions irrégulières. (Figures 2a et 2b), petites zones arrondies de couleur foncé très visibles (Figure 3). En fin d’évolution elles sont faciles à arracher en laissant place à une zone cutanée cicatricielle glabre témoignant de l’absence d’une lésion ulcérative (Figures 4a et 4b). L’évolution de ces lésions vers la guérison sans traitement est observée en 3 à 4 semaines (Figures 4a et 4b).


Lésions de PDNC avec œdèmes cutanés évoquant des papules parfois cohalescentes (Figure 2a). Parfois il s’agit de zones très arrondies très distinctes (Figure 2b) pouvant évoquer une teigne (photos : Matthieu Henry)



En fin d’évolution l’arrachage de la lésion (4a) ne provoque aucune douleur chez l’animal, laissant place à une zone cutanée cicatricielle glabre de 1,25 à 2,5 cm de diamètre (4b) (photos : Matthieu Henry)


Chez cette vache on peut observer l’évolution favorable de l’affection cutanée en l’espace de 3 semaines (photos : Matthieu Henry)

Le diagnostic d’une PDNC est rarement effectué au laboratoire en pratique courante
Bien qu’il ne s’agissait pas de nodules aussi volumineux et arrondis que ceux signalés dans la DNC, sans papulo-vésiculo-pustules avec une croûte spécifique aux poxvirus, et malgré l’aspect bénin de cette infection, il était justifié de lever tout doute de suspicion de DNC car il existe des formes atténuées de DNC.
La recherche de la DNC par PCR s’étant révélé négative, de même que celle d’une teigne où les lésions sont parfois similaires, des examens histologiques sur des prélèvements cutanés réalisés à l’école nationale vétérinaire de Toulouse (Pr Schelcher) ont permis de confirmer la suspicion d’une PDNC, herpèsvirose due au BoHV-2 provoquant des lésions cutanées plus superficielles que la DNC avec des symptômes discrets et d’évolution plus courte vers la guérison.
Il faut noter que seul le contexte actuel de la DNC, maladie exotique nouvelle et très contagieuse en France pouvait justifier d’envisager un recours au laboratoire pour confirmer une PDNC observée sur le terrain et dont l’aspect bénin ne s’accompagne pas obligatoirement d’un appel de l’éleveur (lire l'encadré).
Le diagnostic différentiel de la PDNC concerne donc principalement à éliminer une suspicion de DNC voire de teigne. D’autres affections cutanées moins similaires peuvent être aussi envisagées dans ce diagnostic différentiel, la dermatophilose, la leucose cutanée, deux parapoxviroses (stomatite papuleuse bovine et pseudocowpox), le cowpox, l’ehrlichiose, la démodécie, la besnoitiose, l’hypodermose, la photosensibilisation, une urticaire, une tuberculose cutanée et l’onchocerchose.


A l’examen histologique des lésions cutanées on peut différencier l’infection par le BoHV-2 caractérisée par la présence de corps d'inclusion intranucléaires par opposition avec les inclusions intracytoplasmiques classiquement observées dans avec le Capripoxvirus de la DNC (Coetzer JAW & Dr. Eeva Tuppurainen E. Lumpy skin disease)
Conclusion
La PDNC est généralement une maladie bénigne pouvant passer inaperçue et qui évolue vers une guérison sans séquelle. Elle semble rare mais peut-être est-elle sous-estimée du fait de l’absence de symptômes inquiétants pour l’éleveur. Certainement le contexte actuel du risque potentiel d’une DNC lors de l’apparition de lésions cutanées dans un élevage bovin justifiera l’appel de l’éleveur souhaitant un diagnostic différentiel rassurant. Enfin, à la différence de la DNC, cette herpèsvirose peut réapparaître dans l’élevage du fait de la présence de porteurs latents.
Infection par l’herpèsvirus BoHV-2 chez les bovins
L’origine herpétique de la thélite ulcérative a été démontrée en Angleterre en 19631. Ce n’est que plus tard que l’on observa que l’inoculation intraveineuse de cet herpèsvirus pouvait provoquer une infection généralisée similaire à une maladie décrite en Afrique du sud sous le nom de pseudo dermatose nodulaire contagieuse (PDNC) alors rapportée à un virus dénommé Allerton dont l’effet cytopathogène s’accompagnait d’une évolution bénigne par comparaison avec la DNC2. Cette PDNC, considérée comme rare, était vraisemblablement sous-estimée du fait de son évolution bénigne.
L'infection par le BoHV-2 est associée à deux syndromes cliniques distincts chez les bovins : une forme mammaire associée à des ulcères localisés et douloureux au niveau des trayons des vaches laitières d’où le nom de thélite (mammillite) herpétique ulcérative et une forme généralisée (PDNC), caractérisée par un nombre variable de lésions cutanées superficielles circonscrites disséminées sur tout le corps et d’évolution bénigne.
Le BoHV-2 connaît une répartition mondiale et serait transmis par des stomoxes. Présent à l’état latent chez l’animal, il peut être réactivé lors d’un stress (souvent dans les deux semaines après le part, en début de lactation…). Dans la forme généralisée l’évolution est bénigne et évoque plutôt la teigne mais avec des lésions surélevées de 1 à 2 mm et des gonflements circulaires (de 0,5 à 2 cm de diamètre). Ces lésions forment une sorte de croûte très facile à retirer, voire éliminées par frottement. La guérison est spontanée sans cicatrice sans nécessiter un traitement en l’absence de surinfection cutanée.
Certains bovins séropositifs pour le BoHV-2 peuvent devenir porteurs latents du virus suite à l'infection. La recrudescence du virus provoquée par le stress chez les animaux infectés latents représente une source de BoHV-2 transmis par des insectes hématophages vecteurs aux bovins sensibles dans le troupeau.
Diagnostic au laboratoire
Mise en évidence du virus BoHV-2 ou de son ADN.
Pour isoler le virus le prélèvement cutané doit être précoce dès la première semaine d’apparition de la PDNC (avant l’apparition des anticorps neutralisants) mais l’ADN viral peut être identifié par PCR3. Cependant il faut noter que la surveillance de la DNC en Italie a permis d’observer des cas de co-infections virales par des virus épithéliotropes (parapoxvirus zoonotique, papillomavirus bovin et BoHV-2) dans des lésions cutanées chez des bovins4.
Examens sérologiques
Les enquêtes sérologiques réalisées ont permis de démontrer que 10 à 30 % des bovins des troupeaux ayant des antécédents d'affections cutanées pouvaient être séropositifsmais un pourcentage égal de bovins de troupeaux sans antécédents d'affections cutanées peuvent être également séropositifs au BoHV-23.
Examen anatomo-pathologique
A l’examen histologique la présence de corps d'inclusion intranucléaires est caractéristique de l’herpèsvirose, contrairement au capripoxvirus de la DNC associé à des inclusions intracytoplasmiques (figures 7a et 7b).
Les auteurs remercient le Pr François Schelcher pour la confirmation par un examen histologique de notre suspicion de PDNC et les enseignants de nos écoles (Raphael Gattéo à Nantes et Hugues Guyot à Liège) pour l’intérêt qu’ils ont monté à ce cas de suspicion.
Bibliographie
Journée d'étude Cnam - Afas - Libération
Jeudi 2 octobre 2025 de 9h à 19h30 au Cnam et en ligne
La journée d’étude « Ce que l’Intelligence Artificielle fait à la société et à l’humain » (AFAS–CNAM–Libération) propose une réflexion critique sur l’IA, prise dans ses différentes modalités comme ensemble de dispositifs techno-humains, trop souvent présentée comme une force inéluctable de transformation sociale, économique, éducative et culturelle. Les discours dominants – issus d’institutions internationales, de grandes firmes technologiques ou de la sphère médiatique – valorisent ses potentialités disruptives (automatisation, santé, éducation, infrastructures). Toutefois, cette approche technocentrée tend à réduire l’évaluation de l’IA à des métriques quantitatives, en particulier dans le domaine éducatif, au détriment de finalités comme la pensée critique, l’autonomie ou la justice sociale.
L’IA n’est pas un simple outil neutre : elle redéfinit les normes de savoir et les critères de légitimité. À travers les apports de nombreux auteurs, dont Jean-Gabriel Ganascia, Edward T.Lee et Zuboff, on comprend qu’elle s’inscrit dans des dynamiques de pouvoir, de co-évolution sociale et culturelle, et dans le cadre d’un «capitalisme de surveillance». Ainsi, et c’est tout l’objet de la réflexion de cette journée, que de le mesurer et en débattre, l’IA ne peut être appréhendée indépendamment bien entendu des choix techo-scientifiques et des avancées de la recherche correspondante, mais également des choix politiques, économiques et idéologiques qui la façonnent.
Si l’IA transforme nos pratiques et institutions, elle re-configure aussi les valeurs et finalités qui les sous-tendent. La question n’est donc pas seulement de savoir ce que l’IA permet de faire, mais aussi ce qu’elle fait faire à la société et à l’humain : quels types de savoirs, de relations sociales et de régimes de pouvoir contribue-t-elle à instaurer, et au profit de qui ?
Toutes les questions les plus actuelles y seront évoquées, depuis la transformation des métiers que l'IA ne manque pas d'induire (voir notre vidéo) jusqu'à l'impact qu'elle pourrait avoir sur la démocratie (voir notre vidéo).
Programme :
9h00 – Accueil institutionnel
Avec : Bénédicte Fauvarque-Cosson (Administratrice Générale du Cnam), Jean-Gabriel Ganascia (Président de l’Association Française pour l’Avancement des Sciences)
9h20 – Présentation de la journée
Jean-Claude Ruano-Borbalan (Cnam)
9h30 – Table ronde 1 : IA & persuasion algorithmique contre la démocratie
Béatrice Arruabarrena (Cnam), Suzanne Vergnolle (Cnam), Chine Labbé (NewsGuard), Fabien Lechevalier (Université de Paris Saclay). Modération : Jean-Claude Ruano-Borbalan (Cnam)
10h45 – Pause
11h – Débat : IA, Recherche et Enseignement supérieur
Lan Ting (Cnam), Thomas Coispel (Cnam), Arnaud Dubois, (CNRS), Jean-Claude Ruano-Borbalan (Cnam)
12h30 – Pause déjeuner
14h00 – Table ronde 2 : IA, Matérialité et Imaginaires contemporains : entre émerveillement et effroi
Stéphan-Eloïse Gras (Cnam), Axel Buendia (Cnam), Anne Alombert (Paris8), Matteo Merzagora (Universcience). Modération : Robert Nardone (Cnam)
15h30 – Table ronde 3 : IA, Machines & mutations du travail
Philippe Durance (Cnam), Jalal Charaf (École Centrale de Casablanca-UM6P), Lucie Conjard (EHESS). Modération : Guillaume Lecoeur (Centre Inffo et Cnam)
17h00 – Pause
17h15 – Table ronde 4 : Débat «grand public» : Éthique et IA – La liberté humaine en danger ?
Jean-Gabriel Ganascia (Sorbonne-Université), Henri Monceau (Diplomate, Professeur affilié au Cnam), Stéphan-Eloïse Gras (Cnam). Modération : Loïc Petitgirard (Cnam) et Emmanuelle Papinot (Cnam).
19h00 – Clôture de la journée
Jean-Claude Ruano-Borbalan (Cnam, titulaire de chaire Sciences & société)
Inscription pour l'événement sur place
Retransmission en ligne : Lien pour suivre la journée à distance
Journée d'étude co-organisée par le Cnam, Libération et l'Afas
En partenariat avec Réseau ReMediS
Jean Dalibard
(CNRS Éditions, 2025, 9€)

Jean Dalibard est physicien, grand spécialiste des atomes froids, «mais vraiment très froids» insiste-t-il. De fait, on parle de températures proches du zéro absolu (-273°C). Son livre est une visite guidée d’un monde étrange dont il pointe d’emblée un paradoxe : La température d’un corps n’est rien d’autre que la mesure de l’agitation désordonnée de ses atomes. Refroidir, c’est donc freiner les atomes, jusqu’à les immobiliser. On s’attend à aboutir à un monde figé où plus rien ne se passe. Rien de tel ! On découvre une physique très riche, où émergent des phénomènes nouveaux, régis par la physique quantique.
L’intérêt pour la matière froide est lié à Louis De Broglie, qui postule, en 1925 une idée révolutionnaire : à toute particule matérielle (électron, atome, molécule) est associée une onde. L’observation de cette « onde de matière » exige que la particule soit très lente et donc très froide. Refroidir pour mieux observer (puis manipuler), tel est le point de départ de cette physique du froid.
Comment refroidir la matière ? Paradoxalement, en la bombardant avec des lasers. L’atome est freiné par le choc qu’il subit lorsqu’il absorbe un photon. A température ambiante, un atome s’agite à 400 mètres par seconde. Par des coups successifs de laser judicieusement frappés dans les trois dimensions, on peut pratiquement le figer. Les atomes sont alors englués dans la lumière : la première «mélasse optique» fut créée à Stanford en 1985. Avec son équipe, Jean Dalibard a apporté des améliorations substantielles à cette technologie, tels le «Sisyphe atomique» et le «piège magnéto-optique», qui prédominent actuellement dans les laboratoires du monde.
Avec des atomes refroidis et piégés, on a pu mettre en évidence l’onde De Broglie, en s’inspirant de Thomas Young. En 1801, celui-ci avait prouvé, avec élégance, que la lumière est une onde, en la faisant passer par deux fentes parallèles. Les deux faisceaux de lumière ainsi formés s’additionnent et forment un réseau de franges sombres et claires d’interférences, signature indiscutable de la présence d’une onde.
En reproduisant, presque deux siècles plus tard, cette expérience avec des particules, on s’est réservé quelques surprises de taille. On fait tomber les atomes lentement, en chute libre, un par un ; chaque atome passe par l’une des deux fentes et illumine un point sur l’écran, situé 10 cm sous les fentes. Certaines régions de l’écran ne sont jamais impactées et restent sombres. Peu à peu, on voit apparaitre des franges d’interférence. Si l’on bouche une fente, les franges disparaissent et l’écran devient uniformément allumé. Résultat étonnant : lorsque l’atome traverse une fente, on dirait qu’il «sait» si l’autre fente est ouverte ou fermée, puisque sa trajectoire en dépend. Et, deuxième surprise : si l’on place un détecteur pour savoir par quelle fente passe chaque atome, les franges disparaissent aussi ! Tout se passe comme si l’atome passait «en même temps» par les deux fentes, à condition de ne pas être observé ! On dit qu’il est en état de «superposition» (fente A + fente B). Quoique incompréhensible, ce concept est fondamental dans toute la mécanique quantique. Cette expérience a été choisie comme la plus belle de la physique dans un sondage de physiciens.
L’auteur aborde nombre d’autres merveilles de son monde des atomes froids. Citons le condensat de Bose-Einstein prédit en 1925 et observé en 1995 ; les «tourbillons quantiques», qu’il compare à des microcyclones, un de ses «plus beaux souvenirs de recherche» ; la simulation quantique de phénomènes complexes comme la supraconductivité.
L’application la plus médiatisée de la matière froide est l’ordinateur quantique. Celui-ci est basé sur le qubit ou bit quantique (atome, ion, photon) qui se trouve, comme l’atome des fentes de Young, «en même temps» dans deux états. Il est aussi basé sur l’intrication qui lie de façon irrémédiable les états quantiques de deux objets, quelle que soit la distance qui les sépare. L’ordinateur quantique réalise tous les calculs possibles en parallèle mais ne donne qu’un seul résultat. Si l’on recommence le calcul, on aura un résultat différent. C’est un défi pour les informaticiens qui doivent exploiter la distribution statistique des résultats. C’est aussi un défi pour les physiciens pour maintenir le stock de qubits tout au long du calcul car l’état de superposition a tendance à vite se brouiller. L’auteur décrit les solutions de trois start up françaises pour produire des qubits fiables. L’ordinateur quantique est encore loin de concurrencer l’ordinateur classique, mais c’est une aventure qui mérite d’être tentée, car les performances envisagées sont fabuleuses, du fait du parallélisme des calculs.
Jean Dalibard utilise un langage simple pour ses raisonnements et la description des expériences. La seule équation du livre est celle de l’onde de De Broglie. Des sujets aussi complexes ne peuvent évidemment pas être expliqués en profondeur en 85 pages. Mais le livre est une introduction captivante à l’un des domaines les plus prometteurs de la physique, et il apporte un nouvel éclairage, toujours bienvenu, sur la mécanique quantique.
Pierre Potier










