Vidéos

Cet événement a eu lieu jeudi 18 décembre2025 à 18h à l'Hôtel de l'industrie à Paris et sur YouTube

Avec les interventions de :

  • Frédéric Caille, Maître de conférences en Science Politique à l’Université Savoie Mont Blanc
  • Pierre-André Aubert, fondateur du premier restaurant solaire Le Présage à Aubagne

2025 est l’année du bicentenaire de la naissance d’Augustin Mouchot (1825-1912) à Semur en Auxois. Cet Innovateur mondial d’applications pratiques du soleil, dans son livre paru en 1869 "L'utilisation de la chaleur et ses applications industrielles", écrit : "Si dans nos climats l’industrie peut se passer de l’emploi direct de la chaleur solaire, il arrivera nécessairement un jour où, faute de combustible, elle sera bien forcée de revenir au travail des autres agents naturels. Il convient d'utiliser les rayons du soleil."

Avec Abel Piffre et Louis de Royaumont (également natif de Semur en Auxois) ils vont développer des concentrateurs qui, sous forme de paraboles, utilisent les rayons solaires pour faire chauffer de l’eau, cuire des aliments et utiliser la pression obtenue pour la motricité.

Honoré lors de l’exposition universelle de 1886, ses inventions seront oubliées au profit du charbon et du pétrole.

INSCRIPTION


Frédéric Caille, Maître de conférences en Science Politique à l’université Savoie Mont Blanc, Chercheur au Laboratoire Triangle de l’ENS à Lyon. Auteur de : « L’invention de l’énergie solaire, la véritable histoire d’Augustin Mouchot le pionnier de l’utilisation de l’énergie solaire en France », et de « La moisson du soleil ».

Pierre-André Aubert : fondateur du premier restaurant solaire "Le Présage" à Aubagne. Après quelques années comme ingénieur aéronautique en France, en Allemagne et en Inde. En 2010 il se tourne vers la gastronomie : la cuisine des produits locaux et de saison. Pour la cuisson, dans sa ville de Marseille, baignée par le soleil, il s’oriente dès 2013 vers la cuisine solaire et fonde le Présage. Qu’il développe avec le fourneau solaire professionnel Scheffler-Aubert, pour une cuisine et un système alimentaire innovant.


 

Cycle de conférences
Pour le Développement des Sciences et de l'Innovation (PDSI) au service des transitions

Rencontres d’information scientifique et technologique, à visée pédagogique et didactique, autour d’un scientifique et d’un acteur socio-économique, qui présentent une thématique à travers leurs connaissances et leurs expériences, contribuant à décrypter et présenter des solutions répondant aux enjeux de transition économique, sociétale, technologique, numérique et/ou environnementale.

Partenariat : AFAS – Société d'encouragement pour l'industrie nationaleSociété des ingénieurs et scientifiques de France (Ile-de-France)
Avec le soutien d'EcoLearn, MR21, e5t, BNI Saint-Germain-des-Prés, Pariscience, Cnes, CNRS, ABG

Cet événement s'inscrit dans un cycle de webinaires « Matériaux ».
Jeudi 18 décembre 2025 à 13h en visioconférence Zoom.

Corinne Chanéac (Sorbone Université) interviendra sur l' "Interaction réciproque entre structure et propriétés" et Christophe Volkringer (Centrale Lille) interviendra sur "Les MOFs pour la capture de radionucléides en cas d’accident nucléaire”.
 

Interaction réciproque entre structure et propriétés
Cette conférence mettra en évidence l’interaction réciproque entre structure et propriétés dans les nanomatériaux. Elle évoquera la synthèse des nanoparticules, le contrôle des étapes de nucléation-croissance et les défis posés par la caractérisation de la structure cristalline et de ses défauts à l’échelle nanométrique. Souvent difficiles à détecter, ces défauts jouent pourtant un rôle déterminant dans les propriétés fonctionnelles, dont l’étude fine permet de mieux comprendre la structure locale à cette échelle où certaines techniques de caractérisation de l'ordre périodique restent muettes. L’exemple de nanoparticules luminescentes d’oxydes dopées viendra illustrer cette relation intime entre structure et propriétés.

Les MOFs pour la capture de radionucléides en cas d’accident nucléaire
Durant cette présentation, plusieurs résultats concernant pour la capture de molécules radioactives générées lors d'un accident nucléaire, comme les dérivés de l'iode (I2, CH3I), les oxides métalliques volatiles (RuO4) ou les gaz rares (Xe, Kr) seront présentés. Afin de connaitre la solidité de ces matériaux en situation accidentelles, leur résistance en conditions radiatives (irradiation aux rayons gamma) seront également discutées.

Modérateurs : Sylvie Lartigue, Jean-Paul Itié et Daniel Neuville, FFM



Corinne Chanéac : Professeure en chimie des matériaux, sa carrière est consacrée à l’élaboration et à la compréhension des nanomatériaux, en associant synthèse, caractérisation et modélisation. Ses recherches récentes portent sur les nanoparticules luminescentes, explorées pour leurs applications en imagerie biomédicale, en thermométrie optique et dans le développement de capteurs innovants. Elle a exercé des responsabilités de structuration dans le domaine des nanosciences, en particulier à travers ses fonctions de direction du Centre national de compétences en Nanosciences, C’Nano.

Christophe Volkringer : Professeur des universités à Centrale Lille Institut, et chercheur dans l’équipe Matériaux Hybrides au sein de l’Unité de Catalyse et Chimie du solide (UCCS, UMR 8181). Membre honoraire de l’institut Universitaire de France. Travail de recherche dédiés au solides poreux, principalement de type MOF, avec pour application le nucléaire, le militaire et la décontamination virale.

Marie-Odile Mergnac

(Éditions Archives&Culture, 2025, 15€)



« Je m’appelle Jean. Je suis né en 1700 à la campagne, où vivent plus de 8 Français sur 10. La maison de mes parents ne compte qu’une pièce, avec un sol en terre battue [...] Je m’appelle Marie, comme une fille sur 5 à ma génération. A la naissance, mon espérance de vie est à peine de 20 ans ». C’est dans un ouvrage fascinant titré « Portraits types des Français sur trois siècles », publié par Marie-Odile Mergnac dans la maison d’édition « Archives&Culture » qu’elle a créée1, que l’on découvre comment nos ancêtres (assez récents) ont vécu. Quelle nourriture, quel travail, quelles fêtes, quels déplacements, quelle espérance de vie, combien d’enfants... Les statistiques, c’est bien, leur traduction concrète, c’est mieux ! Si la généalogie est « le troisième loisir favori des Français après jardinage et bricolage », comme le précise l’historienne, il n’est pas sûr en effet que nos compatriotes se représentent avec exactitude le mode de vie de celles et ceux qui peuplent leur arbre généalogique ! Aimeraient-ils y remédier ? L’autrice propose ici... une moyenne de ce que cela devait être à l’époque.

Dès son introduction, elle pose la question : « Qui a retenu, par exemple, qu’en 1900, le logement « moyen » en France était à peine plus d’une pièce alors que les films nous montrent toujours de belles fermes cossues ou des appartements bourgeois ? » Ne comptez pas sur cette passionnée du passé pour nous dorer aujourd’hui la pilule. Non, ce n’était pas mieux avant. Quand l’AFAS a pu la rencontrer (voir notre vidéo), à l’occasion d’un nouveau Forum2, elle n’a pas hésité à rappeler que ce qui l’a frappée, sur trois siècles, « c’est la pauvreté des gens ». Mais pour ceux nés en l’an 2000 (dont on ne connaît pas encore tout le cheminement, malgré les nombreuses études de sociologues), « ils ont tous un bac + 2, alors que ce n'était même pas le cas pour ceux nés en 1980 », indique-t-elle. « On a l’impression que tout le monde autour de nous fait des études supérieures, en fait, non ! C’est seulement la génération des 2000 qui dépasse le bac. »

Nul besoin d’une lecture linéaire pour un tel livre. Chacun ira piocher au gré de ses envies dans les siècles et les générations qui l’intriguent (tous les 30 ans, 20 ans pour les plus récentes), 9 pages à chaque fois. Dont les doubles « coups de cœur », avec photos. On y retrouve « la nourriture du quotidien » de ces gens d’autrefois, « le déjeuner de fête », « les chansons ». Plus récemment « les films » ou « les cuisines du monde ». Jean et Marie nés en 1700 devaient avoir, eux, des repas qui « se ressemblent tous. Le pain bis ou noir reste l’aliment de base, avec près de 2 kg par personne et par jour [...]. On le consomme rassis – ‘’le pain dur fait la maison sûre’’, certifie le dicton – en le trempant de bouillon ou de lait pour en faire une soupe ». On apprend ainsi que l’ordinaire s’améliore en 1780, et ce, grâce à « une légumineuse toute nouvelle, originaire du Mexique, le haricot, qualifié d’aliment du pauvre mais très nourrissant ». Tant mieux, car le livre n’oublie pas de mentionner « la dernière famine que la France ait connue, en 1709-1710 ». Hiver rigoureux, jusqu’à « - 23° à Paris [...] 800000 personnes décèdent, de froid, de sous-alimentation ou de dysenterie. Des familles entières parties mendier meurent le long des chemins ». Le saut à l’an 2000 semble vertigineux : « Moins de pain (120 g par jour et par habitant), moins de pommes de terre (64 kg par an3) ». En revanche, beaucoup de « sucres rapides (35 kg par an) » et des « boissons sucrées, 50 litres par habitant et par an ».

On ne saurait relever toutes les précisions ou anecdotes qui jaillissent au fil des 125 pages. On aime à découvrir que dans les années 1720, nous dansions « principalement le branle, la courante, la gavotte, le passe-pied, le rigodon, la bourrée... » Qu’en 1790, l’estimation est qu’« il y a encore 20000 loups en France ». En 1870, le vin a « un faible degré « 5° à 8° » et la consommation moyenne est de « 200 litres par habitant et par an ». Elle va chuter pour cause de phylloxera destructeur de vignobles, mais aussi avec « les campagnes contre l’alcoolisme jugé responsable, selon l’État, de la défaite de 1870, des révoltes communardes et de la dénatalité » ! En 1900, la consommation moyenne est alors de « 150 litres par habitant et par an ». Et si on chante en 1920 « Dans la vie, faut pas s’en faire (Maurice Chevalier) », un siècle plus tard, en 2020, on regarde « Lupin » sur Netflix. « Découvrir le quotidien des Français de 1700 à nos jours, de leur travail à leurs loisirs », sous-titre de l’ouvrage, aide, comme le souhaite l’autrice, à ne pas faire une lecture anachronique du passé. Un passé brusquement redevenu vivant.

Dominique Leglu 

Nikita, Nathanaël et Auguste GIRES

(Éditions Delachaux et Niestle, 2023, 16,90€)

Ce petit livre d'une centaine de pages présente 50 expériences faciles et amusantes mettant en évidence des lois physiques ou mathématiques à partir de manipulations simples utilisant des matériaux disponibles pour tout un chacun.

Chacune de ces expériences est décrite avec des photographies et des schémas extrêmement didactiques, une liste du matériel nécessaire est fournie, ensuite la démarche à suivre pas à pas et les précautions à prendre complètent chaque fiche. Enfin, une explication permettant de comprendre ce qui se passe est donnée en se référant le cas échéant à une loi physique ou un raisonnement mathématique.

Ainsi, sont évoqués l'osmose, l'acoustique, l'optique, la thermique, la relativité, l'astronomie, la mécanique des fluides, le nombre d'or et bien d'autres matières !

Chaque expérience est notée de 1 étoile à 3 étoiles selon la difficulté de réalisation.

Destiné à être utilisé par des jeunes entre 8 et 15 ans, dans certains cas en présence d'un adulte, ce livre est idéal pour faire découvrir la démarche scientifique et développer la curiosité
scientifique et technique des jeunes à partir d'objets du quotidien.

Serge Chambaud

 

Jeanne Brugère-Picoux



Jeanne Brugère-Picoux Professeur honoraire de pathologie médicale du bétail et des animaux de basse-cour (Ecole nationale vétérinaire d’Alfort), membre de l’Académie nationale de médecine, présidente honoraire de l’Académie vétérinaire de France 

La DNC, due à un Capripoxvirus, a atteint la France cet été dernier dans les Savoie, suite à l’introduction d'un bovin infecté. La France métropolitaine étant indemne de cette maladie, la réglementation européenne (dépeuplement total des foyers bovins infectés, vaccination d’urgence, désinsectisation...) a permis de stopper la progression du virus dans ces deux départements dès le 21 août. La découverte de foyers ultérieurement dans d’autres départements français et vraisemblablement l'Espagne ne peut être liée qu’au déplacement illicite de bovins infectés provenant de zones encore infectées. Les départements des Savoie, du Rhône et de l’Ain ne sont plus considérés comme infectés; Le Doubs et le Jura semblent contrôlés par la vaccination. Mais la situation reste évolutive au 14 décembre dans les départements atteints en Occitanie (19 dans les Pyrénées orientales, puis un seul cas dans les départements de l’Ariège, de les Hautes-Pyrénées ou la Haute-Garonne), d’où la décision de vacciner un million de bovins dans toute l’Occitanie par précaution. Les points importants sont :

1) Éviter absolument de déplacer tout animal hors d’une zone réglementée car l’on risque de déplacer "une bombe à virus" vers une zone indemne

2) La vaccination d’urgence n’est pas une vaccinothérapie (si l’animal est infecté avant ou pendant les 21 jours suivant l’injection vaccinale il peut présenter la maladie)

3) S’il n’a pas été infecté avant, la protection vaccinale sera obtenue en 21 jours

4) Il importe de déclarer toute suspicion clinique de DNC rapidement pour éviter de multiplier un risque accru de diffusion du virus dans l’élevage ou vers les élevages voisins

5) La désinsectisation n’est jamais suffisante pour éviter la diffusion du virus par les insectes, véritables « seringues volantes », dans un élevage

« L'invité du jeudi »
Jeudi 11 décembre 2025 à 18h30 en visioconférence Teams

Le replay de cette conférence est visible ici 

© D. Roudeau / Ifremer Momarsat 2022

Avec Pierre-Marie Sarradin, chercheur à l'Ifremer

L’océan profond est généralement défini comme situé à plus de 200 m de profondeur, là où la lumière ne pénètre plus et où se termine le plateau continental. En tenant compte de ces limites de profondeur, l’océan profond représente 65 % de la surface de la Terre et 95 % de son espace habitable ou biosphère.

Qu'est-ce qui se cache derrière les « grands fonds » : la dernière frontière à explorer sur terre, un environnement avec potentiellement 1 million d'espèces à découvrir, la zone la moins anthropisée à protéger, un vaste réservoir de ressources biologiques, énergétiques et minérales pour faire face à la demande mondiale croissante, une partie principale d'un océan unique jouant un rôle vital dans l'équilibre de la planète, une zone géostratégique à surveiller, le patrimoine commun de l'humanité ?

Les grands fonds marins ont longtemps souffert d'une méconnaissance due à leur difficile accessibilité, ce qui a perpétué l'image déformée d'une plaine abyssale calme, tranquille et quasi désertique, préservée des pressions anthropiques.

Une plongée dans les abysses avec Pierre-Marie Sarradin pour identifier les enjeux de leur exploration.


Pierre-Marie Sarradin est responsable de l'UMR6197 (Unité mixte de recherche 6197) Biologie et Écologie des Écosystèmes marins Profonds (Ifremer, UBO, CNRS)


INSCRIPTION 

Inscription préalable obligatoire, pour obtenir le lien informatique de la visioconférence

L'invité du jeudi

Rendez-vous mensuel en visioconférence, qui a pour objet d’alimenter la curiosité scientifique et technique des participants, de s'interroger sur de grands enjeux de société et de débattre collectivement des évolutions en cours.
Animées par des experts passionnés de leur domaine d’intervention, les conférences traitent de sujets d’actualité mais en prenant le recul nécessaire. Elles sont suivies d'échanges avec un grand témoin et le public.

Un jeudi par mois, de 18h30 à 20h, en visioconférence via l'application Teams
Inscription préalable obligatoire, pour obtenir le lien informatique de la visioconférence

En partenariat avec le Cnam Bretagne

Jeudi 27 novembre 2025 à 18h à l'Hôtel de l'industrie à Paris et sur YouTube

Avec les interventions de :

  • Jean-Gabriel Ganascia, vice-président de l'Afas et Professeur émérite à Sorbonne Université
  • Cédric Demeure, Directeur de CortAIx Labs,

Modérateur :

  • Philippe Robin, Président du Comité des Arts Physiques de la Société d’Encouragement pour l’Industrie Nationale.

L’intelligence artificielle transforme notre quotidien. Des modèles de langage (LLM) aux systèmes de vision et de décision automatisée, elle s’impose désormais dans tous les secteurs : industrie, santé, culture ou recherche.
Mais comment fonctionne réellement une IA ? Quels mécanismes d’apprentissage la rendent si performante ?

Cette conférence, ouverte à tous, vise à rendre l’IA compréhensible grâce à des explications simples et des exemples concrets. Ainsi, chacun pourra mieux saisir les enjeux de cette révolution technologique.

Les biais algorithmiques, la transparence et la fiabilité des systèmes automatisés suscitent de nombreuses interrogations. Comment garantir une IA éthique et de confiance ?
Par ailleurs, la question de la souveraineté numérique devient centrale. En effet, la France et l’Europe doivent préserver leur indépendance technologique face aux géants mondiaux.
Cette conférence abordera donc les défis liés à la construction d’une IA responsable et souveraine, au service du bien commun.

 

INSCRIPTION


Jean-Gabriel Ganascia, Professeur émérite à Sorbonne Université, chercheur au LIP6 et membre honoraire de l’Institut universitaire de France. Spécialiste de l’intelligence artificielle, des humanités numériques et de l’éthique du numérique, il préside le comité d’éthique de France Travail et le comité d’orientation du CHEC (Cycle des Hautes Études de la Culture). Auteur de nombreux ouvrages de vulgarisation scientifique, il a récemment publié L’IA expliquée aux humains(Éditions du Seuil, 2024).

Cédric Demeure, Directeur de CortAIx Labs, le laboratoire central d’intelligence artificielle et d’innovation du groupe Thales. Diplômé de Télécom Paris et docteur en traitement du signal (Université du Colorado), il a dirigé le centre de recherche TRT de Thales à Paris-Saclay avant de prendre la tête du laboratoire CortAIx Labs en 2025.

 


 

Cycle de conférences
Pour le Développement des Sciences et de l'Innovation (PDSI) au service des transitions

Rencontres d’information scientifique et technologique, à visée pédagogique et didactique, autour d’un scientifique et d’un acteur socio-économique, qui présentent une thématique à travers leurs connaissances et leurs expériences, contribuant à décrypter et présenter des solutions répondant aux enjeux de transition économique, sociétale, technologique, numérique et/ou environnementale.

Partenariat : AFAS – Société d'encouragement pour l'industrie nationaleSociété des ingénieurs et scientifiques de France (Ile-de-France)
Avec le soutien d'EcoLearn, MR21, e5t, BNI Saint-Germain-des-Prés, Pariscience, Cnes, CNRS, ABG

Jeanne Brugère-Picoux



Jeanne Brugère-Picoux Professeur honoraire de pathologie médicale du bétail et des animaux de basse-cour (Ecole nationale vétérinaire d’Alfort), membre de l’Académie nationale de médecine, présidente honoraire de l’Académie vétérinaire de France 

Depuis la première apparition de la DNC découverte fin juin 2025 en Savoie, notre Ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire (MASA) a dû communiquer pour justifier les mesures d’urgence nécessaires pour éviter la propagation de cette maladie exotique de catégorie A dans le cadre législatif européen, comme c’est le cas de la fièvre aphteuse, également extrêmement contagieuse. L’objectif pour ces maladies est celui d’une éradication immédiate de l’ensemble des animaux au sein du foyer associée à l’instauration d’une zone réglementée (ZR) par arrêté préfectoral (zones de surveillance et de protection dans un rayon de 50 km et 20 km respectivement).

La propagation du capripoxvirus de la DNC se fait soit sur une courte distance (par des insectes hématophages, véritables seringues volantes, et une contamination de l’environnement), soit sur de longues distances par le déplacement d’animaux potentiellement en phase d’incubation ou subclinique. Malheureusement les discours scientifiques du MASA ou des vétérinaires pourtant relayés par les médias pour expliquer les risques de propagation de cette maladie qui était inconnue des éleveurs n’ont pas été compris par certains d’entre-eux. Par exemple, certains syndicats ont su convaincre un jeune éleveur à Cessens de refuser, par un recours administratif, le dépeuplement de son troupeau, l’un des premiers déclarés. Plusieurs manifestants, inconscients des risques encourus, sont venus le soutenir près de ses bovins en phase d’incubation comme le prouvera l’apparition de nouveaux cas cliniques dans son troupeau 13 jours plus tard au moment où le tribunal administratif rejetait sa demande. Ce retard du dépeuplement a vraisemblablement favorisé la multiplication de nouveaux foyers dans les élevages voisins (cf dépêche vétérinaire n°1762 du 30 août).

La possibilité de vacciner dès le 18 juillet en Savoie, grâce à la mobilisation de la profession vétérinaire (dont les retraités et les étudiants) et de nombreux éleveurs, devait nous permettre de prévoir l’arrêt de la propagation du virus en France pour fin août, même si le seul foyer identifié fin juillet dans le beaufortin témoignait que certains éleveurs pouvaient encore ignorer les conséquences du déplacement illicite d’un animal infecté. Malheureusement, alors que toutes les mesures appliquées dans les Savoie ont effectivement démontré leur efficacité fin août, des déplacements regrettables d’animaux infectés ont provoqué la progression du virus dans le département voisin de l’Ain. Un mois plus tard, l’apparition d’un nouveau foyer à St Laurent de Chamousset dans le Rhône à plus de 100 km des derniers foyers ne pouvait que susciter une inquiétude du fait que nous y connaissions l’importance de son marché de veaux vers différents pays européens. Inquiétude justifiée puisque l’on a pu constater l’inconscience de certains intermédiaires qui ont pu encore convoyer des animaux infectés vers des zones indemnes et l’on a identifié par génotypage qu’il s’agissait toujours la même souche dans les cas italiens, français et espagnols [souches Sardaigne (Italie), Savoie, Pyrénées orientales, Espagne) sans que l’on puisse déterminer l’itinéraire des animaux déplacés. Seule l’origine italienne des premiers cas français peut être fortement suspectée. Ainsi le 1er foyer espagnol a été identifié le 4 octobre en Catalogne, voisine des Pyrénées orientales et le 1er foyer du Jura a été notifié le 12 octobre à 100 km du foyer lyonnais… Ceci a justifié de la part du MASA de renforcer les mesures de lutte contre les déplacements d’animaux le 17 octobre, les amendes décidées pour les contrevenants étant peut-être les seules mesures non scientifiques qu’ils pouvaient comprendre.

Au 8 novembre 2025, la vigilance s’impose toujours puisqu’il y a encore trois derniers départements (Pyrénées orientales, Jura et Ain) comportant des ZR sous surveillance. Le contrôle des mouvements des bovins, à l’intérieur et à l’extérieur de ces zones touchées demeure donc une priorité. Les levées successives de la réglementation dans les ZR des Savoie et du Rhône démontrent l’efficacité de la stratégie de lutte qui été mise en place depuis le début de la crise mais confirment que seule une application rigoureuse des mesures contre la DNC permet d’enrayer l’épizootie (Figure 1).

Figure 1 : Zones encore réglementées pour la DNC
(Pyrénées orientales, Jura et Ain)
et levées de la réglementation pour les Savoie (22 octobre) et le Rhône (5 novembre)

Pourquoi les syndicats d’éleveurs demandant encore un « abattage partiel » ont tort

Tout d’abord il ne s’agit pas d’un abattage au sens strict du mot car les animaux sont mis à mort sur le lieu du foyer infecté (et non dans un abattoir) avec nettoyage, désinfection et désinsectisation du site d’élevage et du matériel (dont les véhicules).

Pour justifier leurs revendications, les contestataires ont avancé certains arguments:

  1. Une évaluation de l’EFSA en 2016 évoquant « l’abattage partiel »

Selon l’EFSA, la comparaison entre les dépeuplements total et partiel lors de DNC aboutit « à une probabilité similaire d’éradication de l’infection à la condition que les bovins soient vaccinés ». Le dépeuplement partiel n’était donc pas applicable en France où le virus atteint des bovins dans une zone indemne de la maladie donc non vaccinée. Le dépeuplement total reste donc une méthode privilégiée en urgence pour les foyers très localisés et en l’absence de vaccin comme la réglementation européenne l’impose lors de la première apparition de la DNC dans une région. Cette logique d’éradication rapide présente un impact économique élevé et peut expliquer aussi une opposition des éleveurs. Mais les exemples de ces derniers mois auraient dû permettre une certaine compréhension.

La réclamation actuelle de certains syndicats d’éleveurs pour une vaccination plus étendue à tout le cheptel français n’est pas non plus la solution pour le moment. Tout d’abord il faudrait qu’elle soit justifiée par une évaluation d’un risque éventuel de propagation du capripoxvirus vers une zone non réglementée (comme, par exemple, les vaccinations de précaution décidées en Corse du fait des nombreux cas en Sardaigne). Pour le moment le principal risque d’une propagation virale au-delà des ZR est un déplacement illicite de bovins infectés.

  1. Les dépeuplements totaux devenus partiels lors de la crise de l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB)

A la différence de la DNC, on pouvait être tout à fait favorable au dépeuplement partiel d’un troupeau présentant un ou deux cas de « vaches folles » car il s’agissait d’une maladie non contagieuse et d’origine alimentaire. Le dépeuplement total n’avait été décidé que pour des raisons économiques permettant l’exportation d’animaux provenant d’un élevage indemne. L’augmentation des cas d’ESB liés à la mise en place de tests de détection dans les abattoirs ne permettait plus ces abattages coûteux et non justifiés pour la santé publique et il s’ensuivit les dépeuplements partiels limités à la période liée à un risque de contamination alimentaire par des farines de viandes.

En conclusion, il faut espérer que, après quatre mois de lutte contre la DNC en France, les enseignements issus des résultats du terrain sont suffisamment démonstratifs pour que les opposants au dépeuplement total comprennent qu’un « abattage partiel » aurait été une grave erreur dans une ZR en favorisant la progression du virus vers les élevages voisins. Il faut souligner que, s’il n’y avait pas eu de déplacements illicites de bovins à partir de Savoie, la France aurait déjà retrouvé son statut d’indemne de DNC depuis fin octobre … Il faut espérer que cela aura été enfin compris par tous (dont certains syndicats) mais la vigilance s’impose tant qu’il y aura encore des foyers notifiés en France.

Ismahane Remonnay, Patrice Debré et Juan Lubroth



Version en anglais ici

Image par stockphotography de Pixabay

La santé humaine n’existe pas isolément. Elle dépend de celle des animaux, des plantes, des sols, de l’eau et de l’air qui nous entourent. Le concept de One Health, désormais élargi à celui de One Sustainable Health, invite à reconnaître cette interdépendance essentielle. Il ne s’agit plus seulement de prévenir les maladies ou de réparer les crises, mais de comprendre les liens profonds entre les écosystèmes (économie, environnement, biodiversité, démographie, urbanisation, société…).

Notre époque est marquée par des bouleversements multiples : dérèglement climatique, perte de biodiversité, surcharge chimique, urbanisation rapide, inégalités croissantes et transformations technologiques sans précédent. Ces transitions s’entrecroisent et redessinent notre rapport au monde. Face à cette complexité, une approche cloisonnée ne suffit plus. Il faut désormais penser en système, relier les savoirs et agir de manière concertée.

C’est dans cet esprit que le Forum One Sustainable Health for All, organisé à Lyon début novembre, a proposé de réaffirmer la place centrale de la science, non pas comme un domaine réservé aux chercheurs, mais comme le moteur d’une transformation partagée.

Que faut-il entendre par une seule santé ?

Trois grandes problématiques de l’environnement pèsent aujourd’hui sur la santé humaine (ainsi que celles des animaux et des plantes) : la pollution et les pesticides, la production des aliments et les systèmes alimentaires, la circulation des microbes. Ces interactions sont de plus bouleversées par le changement climatique.

  1. La pollution physique et chimique à travers les modifications de l’air, de l’eau et des sols induisent des troubles neuro-endocriniens et des pathologies pulmonaires, allergiques et auto-immunes ;
  2. La production et la transformation des aliments en rapport avec l’agronomie retentit sur la nutrition et les pathologies de l’obésité, diabète et métabolisme ;
  3. La circulation des microbes (bactéries, virus et parasites) fait le lit d’un côté des microbiotes indispensables à la vie des organismes, de l’autre, des épidémies émergentes ou re émergentes. Les 2/3 des maladies infectieuses de l’homme proviennent de l’animal (les premières pandémies sont apparues quand l’homme préhistorique s’est mis à domestiquer le cheval, le mouton et le porc)

Le changement climatique retentit de plus sur ces trois séries de facteurs qui sont intriqués et font que le concept de santé et donc de médecine s’ouvre à d’autres sciences (agronomie, écologie etc..). La prise en compte de ces paramètres nécessite de les mesurer et analyser, ce qu’on appelle l’exposome. Elle fait l’objet de plaidoyer et de recommandations auprès des décideurs (le prochain G7 porté par la France traitera du One Health), des communautés et des citoyens, et des services, pour que leur prise en compte conduise à des mesures de prévention pour préserver la santé de l’homme , des animaux et des plantes. Elle conduit à des réflexions régionales et mondiales car ce qui se passe en Amazonie est différent de la vallée du Rhône mais n’est pas sans influence réciproque. La santé devient planétaire et attend de la science qu’elle lui en donne la conscience.

La science comme langage universel

Tout commence et est basé sur la science. Mais cette science doit être comprise comme un langage universel, ouvert — un espace d’échanges, d’expériences et d’apprentissages qui relie les disciplines, les territoires et les acteurs de la société, dans toutes les géographies et toutes les générations. La connaissance ne peut plus rester enfermée dans des publications, des bases de données ou des laboratoires. Elle doit circuler librement, se traduire, se transmettre et s’appliquer. Si la santé durable est pour tous, alors le savoir qui la rend possible doit lui aussi être pour tous. La science appartient à tous, car elle est le point de départ de chaque décision éclairée, de chaque politique publique responsable, de chaque innovation utile. Pourtant, notre système scientifique peine encore à remplir pleinement cette mission collective. La compétition pour les publications et les financements fragmente la recherche. Les savoirs produits restent trop souvent concentrés entre quelques institutions ou verrouillés derrière des barrières d’accès. Et la visibilité médiatique, parfois, prend le pas sur la rigueur ou la coopération.

Il est temps de retrouver le sens de l’humilité scientifique. Reconnaître que la vérité ne se décrète pas depuis les podiums de la notoriété, mais qu’elle se construit dans la diversité des points de vue, la confrontation des idées et la complémentarité des disciplines. Certaines des découvertes les plus prometteuses naissent dans l’ombre : dans des universités régionales, des laboratoires modestes, ou au sein de collectifs interdisciplinaires où chercheurs, économistes, ingénieurs, vétérinaires, agriculteurs, médecins, acteurs de terrain et la société travaillent ensemble, loin des projecteurs.

Faire science aujourd’hui, c’est accepter d’apprendre les uns des autres. C’est considérer la connaissance comme un écosystème vivant où les sciences naturelles dialoguent avec les sciences sociales, où les données croisent les récits, et où la technologie amplifie notre intelligence collective au lieu de la fragmenter.

De la donnée à la décision : la science au cœur de la transformation

La révolution numérique, la réindustrialisation et la montée en puissance de l’intelligence artificielle bouleversent nos manières de produire, de gérer et de comprendre le monde. La donnée devient le nouveau langage de la décision. Mais sans mesure fiable, sans méthodologie scientifique solide et sans gouvernance éthique, cette donnée peut devenir une source d’erreur et de fracture.

La science joue ici un rôle stratégique : elle garantit la qualité de la mesure, la traçabilité de l’information et la crédibilité des choix collectifs. Mesurer, c’est déjà agir. C’est le point de départ de toute transformation industrielle, environnementale et sociale. Chez les acteurs de la transition, la mesure ne se limite plus à un outil technique : elle devient un instrument de gouvernance, un repère pour piloter, évaluer et améliorer.

La digitalisation et l’intelligence artificielle permettent aujourd’hui de relier les observations issues des sciences du vivant, des données environnementales, médicales ou économiques. Mais cette interconnexion pose une question fondamentale : à qui appartient la connaissance? Si la science est le socle des transformations, elle doit rester accessible, lisible et utile à tous. Car partager la donnée, c’est partager la capacité d’agir : c’est une question de souveraineté, de justice et de démocratie du savoir.

Dans un monde où la confiance se reconstruit sur la transparence, la science ouverte ne peut plus être un luxe : elle est une condition de durabilité. C’est grâce à cette transparence que nous pourrons bâtir des politiques fondées sur les faits, des innovations réellement durables et une économie saine et stable fondée sur la confiance.

Prévention, coopération et vision partagée

La santé durable se construit sur la prévention. Prévenir plutôt que réparer : voilà la première transformation à engager. Car il ne faut pas l’oublier, l’être humain est aujourd’hui la première espèce en danger. Lorsque les écosystèmes s’appauvrissent et que les ressources naturelles s’épuisent, ce n’est pas seulement la nature qui souffre : c’est l’humanité qui perd sa base vitale.

Prévenir, c’est d’abord éduquer. L’éducation est le socle de la transformation, car elle change notre manière de regarder le monde. Comprendre que la santé, l’économie, le climat et la société sont indissociables, c’est apprendre à penser globalement tout en agissant localement. C’est aussi reconnaître que la santé économique d’une société conditionne sa santé sociale, environnementale et humaine.

Les travaux du groupe international de travail IWG1 “Environmental Health & Sustainability” insistent sur la nécessité d’une science solidaire et multiscalaire. Il ne s’agit pas de repartir de zéro, mais de relier les initiatives qui existent déjà, souvent de manière isolée. Les programmes de surveillance de l’eau, du sol ou de l’air, les initiatives de réduction de la pollution chimique, ou les projets de restauration des sols et de la biodiversité doivent désormais se parler, se renforcer, se mettre en réseau.

Plutôt que de multiplier les sommets et les publications, il faut donner de la clarté, de la visibilité et une feuille de route commune. Savoir ce qui a été accompli, ce qui est en cours et ce qui reste à faire. Cette approche coordonnée permettra un fléchage plus efficace des financements, une meilleure synergie entre les actions, et une lisibilité accrue pour tous les acteurs. La science, dans cette perspective, redonne confiance : elle relie, éclaire et oriente.

Vers une intelligence collective et préventive de la santé

Pour qu’une véritable One Sustainable Health for All prenne forme, il faut désormais penser en termes d’intelligence collective. Une intelligence qui ne sépare plus les disciplines mais les relie ; qui ne multiplie pas les programmes, mais les aligne dans une stratégie cohérente ; qui ne cherche pas la performance individuelle, mais l’impact collectif.

Cette vision repose sur trois grands principes d’action : la continuité, l’ouverture et la synergie.

D’abord la continuité : agir sur le long terme, dans la durée, en assurant la stabilité et la pérennité des projets. Ensuite l’ouverture : reconnaître que les enjeux de santé, d’environnement et de développement n’ont pas de frontières, et que ce qui se passe dans une région du monde affecte toutes les autres. Tout est lié et seule une approche intégrée permettra de construire un avenir viable.

La transformation sanitaire, sociale, numérique, industrielle, écologique, sanitaire et économique ne se fera pas par la seule réglementation. Elle repose sur une mutation géopolitique et culturelle plus profonde : une nouvelle manière de concevoir la valeur économique, sociale et environnementale, ainsi que la coopération et la responsabilité, au service de la santé pour tous.

Il n’est pas question de multiplier les discours, mais d’unifier les actions. Le véritable défi n’est pas de produire davantage de science dans un nouveau paradigme façonné par l’IA, mais de mieux la relier, de mieux la comprendre, de mieux la traduire et de mieux l’utiliser. Certes, l’IA ouvre un nouveau champ de défis, mais le premier, aujourd’hui, consiste avant tout à mieux valoriser la science déjà produite : en la connectant plus finement, en la comprenant plus profondément, en la traduisant plus clairement… et, surtout, en l’utilisant plus efficacement.

Relier, Comprendre et Agir - OSH for All Lyon 03 Novembre 2025

La construction d’une One Sustainable Health for All n’est ni un idéal abstrait ni un slogan. C’est une trajectoire collective, une façon de remettre la science au cœur de la société et la société au cœur de la science.

La prévention avant la réparation, le partage avant la compétition — sans nier que la compétition, lorsqu’elle est éthique et stimulante, reste un moteur du progrès — et l’humilité avant la certitude toujours partielle, car peut-on jamais avoir de certitude en science ? 

Tels sont les trois piliers d’une transformation authentique. La transformation étant permanente, seule une culture de bon sens, de résilience et d’agilité permet de progresser durablement.

Les chercheurs, les institutions, les entreprises, les décideurs et les citoyens partagent désormais une même responsabilité : transformer la connaissance en action, pour restaurer la santé des biosphères et garantir celle des générations actuelles et futures.

Ce que nous appelons One Sustainable Health for All est bien plus qu’un cadre conceptuel. C’est un projet de société. Un projet où la science devient le langage commun du vivant, où chaque donnée, chaque expérience, chaque collaboration contribue à un tout cohérent.

Le Forum de Lyon est l’un de ces moments charnières : un espace pour passer le relais, partager les expériences, aligner les visions et ouvrir la voie à une coopération mondiale fondée sur la confiance et la lucidité. Une occasion d’affirmer que la science, lorsqu’elle est partagée, humble et vivante, peut redevenir ce qu’elle a toujours été : l’une des plus belles formes d’intelligence collective que l’humanité ait inventée.

Roger Mansuy

(Éditions Albin Michel, 2025, 24,90€)

Les mathématiques sont partout ! Dès son introduction l’auteur Roger Mansuy, professeur en classes préparatoires au Lycée Saint Louis, rappelle cette perception commune que, sans les mathématiques, les percées technologiques qui imprègnent nos modes de vie ne sauraient exister.

Tout en reconnaissant cette évidence, Roger Mansuy adopte dans ce livre un point de vue original pour nous montrer que les mathématiques sont partout et pas seulement dans l’innovation, qu’elles font partie intégrante de notre culture et interagissent avec tous les domaines des activités humaines.

Livre original sous plusieurs aspects. Tout d’abord par l’adoption de la forme d’almanach qui permet de couvrir pas moins de 367 sujets, l’auteur n’ayant pas ignoré le 30 février qui a effectivement existé. Un fait historique ou contemporain se trouve ainsi illustré pour chaque jour de l’année.

Pour chacun d’eux, la curiosité du lecteur est attirée par un titre intrigant, suivi d’une entrée en matière qui situe en quelques lignes l’énigme, le paradoxe mathématique ou l’anecdote historique du jour, et enfin un développement d’une page qui en révèle toute la saveur.

Les pages de l’almanach sont indépendantes, ce qui permet au lecteur de les parcourir en toute liberté. Il y découvrira un foisonnement de sujets finement choisis à travers époques et continents, tous en lien avec des aspects très inattendus des mathématiques.

L’auteur s’y révèle à la fois chroniqueur au style humoristique, historien chevronné et bien sûr passionné de mathématiques. La variété des thèmes abordés est impressionnante. Faisons quelques incursions dans ce trésor de découvertes :

  • Le 23 novembre est le ‘’Fibonacci day’’ chez les anglo-saxons. En effet en décomposant cette date du 11/23 en 1, 1, 2, 3 apparaissent les premiers termes de la suite dite de Fibonacci. Et nous voilà transportés en 1202, dans un ouvrage écrit par Leonardo Fibonacci, dit de Pise, qui traitait de la reproduction des lapins et où apparaît cette suite devenue célèbre bien plus tard.
  • Sous le titre étrange ‘’Le Moine et son Réseau’’ on découvre Marin Mersenne, religieux de l’ordre des Minimes. Il est le véritable centre d’un réseau d’échanges épistolaires entre les savants les plus actifs du XVIIème siècle dont Descartes, Fermat, Huygens et Pascal. Précurseur des plateformes modernes de diffusion de publications scientifiques, il n’en a pas moins œuvré lui-même en acoustique, mécanique et arithmétique. Aujourd’hui encore, trouver les nombres premiers de Mersenne est un difficile enjeu de recherche.

Comme il est rappelé sous l’intitulé ‘’Théorème de Marion’’ le rôle des femmes dans l’évolution des mathématiques a longtemps été minimisé, voir rendu invisible. L’auteur corrige cette injustice par de multiples exemples démontrant la place particulière qu’elles ont tenu dans l’histoire, grande ou petite, des mathématiques :

  • Dès 1750, le pape Benoît XIV propose à Maria Gaetana Agnesi de devenir professeure de la prestigieuse université de Bologne, en récompense de ses travaux en calcul différentiel et intégral.
  • L’appellation ‘’Identité de Sophie Germain’’, évoque la mathématicienne qui a laissé sa trace dans plusieurs manuscrits à propos de la résolution d’un exercice sur les nombres entiers, soumis aux Olympiades Internationales de mathématiques de Roumanie en 1969.
  • Par ses travaux de 1961, connus sous le nom de ‘’Hypothèse de Robinson’’, l’américaine Julia Robinson a inspiré en 1970 le jeune mathématicien Youri Matiiassevitch dans la résolution du ‘’dixième problème de Hilbert’’, posé par celui-ci en 1900, au Congrès International des mathématiciens.

Chaque sujet est une source d’étonnement. Il suffit de se laisser entraîner à la découverte par l’ensemble des titres mystérieux, rappelés dans la table des matières. Parmi les pépites on apprend que le secrétaire de Trotski était logicien, que Bailly, mort guillotiné, a été le seul maire de Paris mathématicien, que les traités d’Archimède ont été découverts en grattant l’encre d’un vieux parchemin, que le mathématicien turinois Faà di Bruno a été béatifié et que Sylvestre II a été un pape mathématicien en l’an 999.

Agrégé et docteur, le professeur Roger Mansuy déploie dans ce livre des talents remarquables d’historien et de conteur au service de cette noble discipline, que les amateurs d’énigmes mathématiques ou d’anecdotes historiques sauront certainement apprécier.

Jean-Claude Richard