Le chêne

Jacques Tassin

(Belin, 2022, 228 p. 29€)

 
Le chêne (J. Tassin, Belin, 2022)Récemment, les cinéphiles ont pu voir un superbe film, Le chêne, sorti en salle à la fin de février. Les amoureux de la nature et notamment des arbres peuvent aussi découvrir le livre, illustré de belles photos du film. Mais les images ne sont pas le seul intérêt de cet ouvrage. Il nous emmène à la découverte de l’histoire des chênes et de toutes leurs espèces, qui peuplent quarante pour cent de nos forêts françaises. Il aide à comprendre comment il a fallu 350 millions d’années, depuis son apparition au début de la période géologique du Carbonifère, pour que le chêne puisse se développer et embellir nos paysages et nos forêts. On y apprend qu’il a migré dix-sept fois depuis la période glaciaire. On comprend mieux aussi comment il vit en symbiose avec tout un peuple d’animaux, de champignons et de plantes. On y apprend que ses feuilles sont des interfaces poreuses avec le monde qui les entoure et comment l’activité ininterrompue d’amas de cellules embryonnaires présents à la pointe des bourgeons assure à l’arbre une croissance indéfinie, si aucun évènement extérieur ne vient en compromettre la croissance.

On y découvre son mode de reproduction, que chaque fleur contient un ovule qui, s’il est fécondé par le pollen, devient un gland – lequel, contrairement à ce que l’on croit souvent, n’est ni mâle ni femelle – et comment, sans lui, de nombreuses populations animales ne survivraient pas. Qu’il lui faut plus de quarante ans pour atteindre sa maturité sexuelle. Que ses différentes espèces sont monoïques, c’est-à-dire qu’elles portent sur le même arbre, mais pas forcément au même moment, des fleurs mâles et des fleurs femelles, tributaires du vent pour être fécondées.

Pour ceux qui ont pu suivre les conférences de Francis Martin et de Catherine Lenne, lors des cycles organisés par l’Afas avec ses partenaires et encore accessibles sur notre site [1], Jacques Tassin, chercheur au Cirad, apporte, par ce livre, une superbe illustration de leurs propos.

Mais surtout, à la lecture de cet ouvrage, et si l’on connaît, par exemple, la forêt de Tronçais plantée par Colbert, dont la beauté provoque pour qui s’y promène une émotion proche de celle qu’on peut ressentir dans une cathédrale, on comprend que la reconstruction de Notre-Dame justifiait de rechercher dans nos forêts, pour les sacrifier, certains de nos plus beaux spécimens de chênes séculaires.

 

[1] Présentation et vidéo des conférences de :