L’abominable secret du cancer

Frédéric Thomas

(Humensciences, 2019, 320 p. 22€)

 
L'abominable secret du cancer (F. Thomas, Humensciences, 2019)« Si le cancer nous tue, c’est parce que nous ne sommes pas encore capables de gouverner son évolution. »

Dans son livre L’abominable secret du cancer, Frédéric Thomas, biologiste de l’évolution, fournit un nouveau prisme pour comprendre cette maladie et comprendre pourquoi le cancer fait de la résistance.
Ce livre, comme l’écrit le Pr Pascal Pujol, chef du service d’oncogénétique du CHU de Montpellier et auteur de la préface, est « un livre scientifiquement lumineux et porteur de vrais espoirs ».

Fréderic Thomas est directeur de recherche au CNRS, basé à l’UMR MIVEGEC (Maladies infectieuses et vecteurs : écologie, génétique, évolution et contrôle) et co-directeur du CREEC (Centre de recherches écologiques et évolutives sur le cancer).

Si l’image de la couverture, un crabe bleu et cinq dessins d’un singe s’humanisant pour devenir Homo sapiens, m’a étonnée – mais l’éditeur explique ce choix en page 2 du livre –, j’ai été plus que conquise par cette conception assez révolutionnaire pour comprendre cette maladie.

Le cancer, c’est en 2017 en France, près de 400 000 nouveaux cas et 150 000 décès selon l’Institut national du cancer.

Apparu il y a plus d’un demi-milliard d’années, au Précambrien, le cancer est un processus écologique qui a accompagné l’évolution de nombreux organismes animaux, dont l’espèce humaine, et d’organismes végétaux (ces derniers sont peu traités dans l’ouvrage).
L’apparition de la multicellularité à l’époque du Précambrien est le résultat d’une coopération cellulaire, et cela procure des bénéfices. Cette multicellularité s’accompagne d’un risque de cancer. Au sein d’un organisme pluricellulaire, le cancer apparaît quand une cellule cesse de coopérer et de remplir les tâches qui sont les siennes au sein du système collectif. Elle devient (redevient ?) non coopératrice, « égoïste » comme le note l’auteur, et une fois présente, comme tout organisme, elle tente de survivre et de se répliquer.

En vingt-et-un chapitres, parfois très courts (chapitre 11 : Un mécanisme pervers, six pages) ou plus longs (chapitre 14 : Pourquoi les cancers sont ils plus fréquents qu’avant ?, une quinzaine de pages), l’auteur présente des concepts modernes et souvent nouveaux sur cette maladie. Le dernier chapitre traite spécifiquement des nouvelles pistes thérapeutiques.

Et au final, quelles sont les armes proposées par la théorie de l’évolution pour lutter contre le cancer ? On parle ici de thérapie adaptative. A condition de gérer son évolution, il faut prendre en compte le cancer, processus évolutif, difficile à éradiquer, et l’amener à un point d’équilibre au sein de l’organisme. L’auteur explique de façon simple et accessible pourquoi la théorie de l’évolution de Darwin, vieille de 150 ans, pourra permettre de vaincre le cancer.