Voir les savoirs. Lieux, objets et gestes de la science

Jean-François Bert, Jérôme Lamy

(Anamosa, 2021, 432 p. 25€)

 
Voir les savoirs (J.-F. Bert, J. Lamy, Anamosa, 2021)L’ouvrage s’intéresse à la matérialité des savoirs, «aux différents lieux qui organisent la relation entre les savants et les choses», à l’ancrage matériel des productions savantes. Trois grands livres structurent cette présentation : «La topographie des savoirs», «Objets savants : les médiations matérielles», «Savoir manipuler : les gestes de la science».

La topographie des savoirs (livre I) permet d’évoquer notamment les bibliothèques, les laboratoires, les observatoires, mais aussi l’artisanat, les arsenaux, les cours royales et les salons, les cabinets de curiosité et les premiers muséums, les bateaux et les expéditions mais aussi les nouvelles topographies savantes de la science dans la ville, des grands équipements et du big data, et jusqu’au spectacle de la science et les émotions qu’elle suscite.

De la table-bureau aux objets technico-instrumentaux, les outils matériels sont largement présentés dans le livre II : collections, outils optiques et visions savantes, télescopes et microscopes, globes, échantillons, photographies… «un univers artefactuel foisonnant de matérialités profuses».

Le livre III, «Les gestes de la science», permet d’évoquer le corps du savant, les savoir-faire : papiers, notes, fiches, listes, dossiers, lettres…, la mise en forme progressive du livre : mise en page, impression, illustrations, table des matières, index, notes, références… ; les articles, journaux savants et revues, l’archivage et les classements.

A travers ces trois formalisations – lieux dédiés, objets et instruments utilisés, pratiques corporelles requises – s’établit le «cercle de la matérialité», des «styles savants» et des manières de faire science.

Cela donne un gros volume très riche d’informations et d’analyses érudites mettant en lumière les multiples facettes de la réalité matérielle de l’activité scientifique et de son développement, accompagnées d’une interrogation sur «l’épaisseur matérielle des savoirs» et sur «les manières de faire science».

Le découpage choisi – lieux, objets, gestes – fait qu’il n’y a pas de présentation globale et chronologique de cette évolution matérielle des sciences dans son ensemble ni de sa sociologie, son ethnologie ou sa relation avec le contexte historique et notamment politique, même si les références sont évidemment nombreuses à des moments et à des personnalités à travers le temps.