L’odyssée des gènes

Evelyne Heyer

(Flammarion, 2020, 388 p. 22,90€)

 
L'odyssée des gènes (E. Heyer, Flammarion,)L’ouvrage nous fait voyager au long de l’histoire de l’humanité et sur tous les continents, à travers l’analyse des gènes, en cinq grandes périodes : les premiers pas (7 millions d’années-50 000 ans), l’esprit de conquête (50 000-10 000), l’Homme dompte la nature (10 000-1000), l’âge de la domination (1000 av-1500 ap), les temps modernes (jusqu’à nos jours et avenir).

Depuis la séparation de la sous-branche des Hominidés au sein de l’ordre des Primates, l’espèce humaine a cheminé et s’est répandue sur tout le globe, de la première à la deuxième sortie d’Afrique il y a environ 70 000 ans. A ce moment, au moins quatre espèces d’humains peuplaient la planète : Néandertal, Denisova, Florès et Sapiens avant que Sapiens reste la seule. Puis intervient, il y a environ 10 000 ans, la révolution du Néolithique qui, avec le développement de l’agriculture et de l’élevage en différents lieux du globe, accroît la diversité génétique des populations et modifie leurs capacités biologiques avec, par exemple, la capacité à digérer le lait chez certaines d’entre elles.

Tous les lieux sont évoqués, depuis la colonisation de l’Australie il y a environ 50 000 ans ou de l’Amérique il y a environ 15 000 ans jusqu’à la rencontre des Pygmées et des Bantous en Afrique centrale, l’expansion des Samanides perses en Asie centrale ou la communauté juive de Boukhara.

L’histoire de l’humanité est une histoire de migrations et de stabilités dans un équilibre variable entre les deux termes. Ainsi, tous les peuples européens puisent leur origine à trois sources, les premiers Paléolithiques européens, les hommes du Néolithique du Moyen-Orient et les populations de l’âge du bronze provenant des steppes.

L’auteur nous fait comprendre comment l’ADN permet d’explorer le passé. Il est possible de lire dans notre code génétique et ainsi de remonter progressivement dans le temps. La reproduction sexuée produit du «neuf» avec du «vieux» grâce à la recombinaison génétique à chaque génération. L’ADN est une sorte de mosaïque des ancêtres passés, même si beaucoup ne nous ont rien transmis au fur et à mesure que l’on remonte dans les générations.

Elle nous fait également toucher du doigt le travail du chercheur en anthropologie génétique, y compris dans ses modalités les plus concrètes, au contact des populations les plus diverses (et des autorités locales…), au Kazakhstan, au Kirghizistan, en Mongolie, dans l’Altaï, l’Asie centrale étant la région de prédilection de ses recherches, en relation étroite avec les travaux conduits en ethnologie et en linguistique.

Ecrit dans une langue très claire, l’ouvrage se lit avec beaucoup de facilité, même si l’articulation entre la dimension historique et la dimension génétique n’est pas toujours évidente pour le profane.