Sciences. Bâtir de nouveaux mondes

Sous la direction de Denis Guthleben

(CNRS Editions, 2019, 226 p. 24€)

 
Sciences. Bâtir de nouveaux mondes (CNRS Ed., 2019)Ce très bel ouvrage, sous couverture cartonnée grand format, est édité à l’occasion du 80e anniversaire du CNRS, ce que souligne la jaquette «Le livre anniversaire du CNRS».
La publication de cet ouvrage a été dirigée par Denis Guthleben, historien, attaché scientifique au Comité pour l’histoire du CNRS, qui a écrit les quatre textes du chapitre introductif. Le même historien avait publié en 2009, chez un éditeur privé, une excellente – à mon avis – Histoire du CNRS de près de 600 pages.
Le présent ouvrage, très bien présenté et imprimé, avec de nombreuses illustrations couleurs, rassemble un ensemble de 19 chapitres scientifiques, précédés d’un chapitre introductif. Chaque chapitre comporte plusieurs textes spécialisés mais à vocation grand public, écrits par plus de 80 auteurs, universitaires et chercheurs, dont les noms et affiliations figurent en annexe.

Avant d’examiner plus en détail le contenu de cet ouvrage, sur lequel je porte une appréciation d’ensemble très positive, je me dois d’émettre une critique, qui est aussi un regret.
Les recherches menées dans les différents laboratoires du CNRS sont rattachées aux 41 sections scientifiques du Comité national. Les sections 1 à 30 peuvent être qualifiées – à de rares exceptions près comme l’économie – comme relevant des sciences dites «dures», par opposition aux sciences «douces» qui relèvent en majorité des sections 31 à 40.
Curieusement, cet ouvrage ne s’intéresse presque exclusivement qu’à ces sciences dures, au détriment des sciences de l’Homme et de la société, qui ne sont effleurées marginalement que dans certains textes.
Les concepteurs de cet ouvrage considèrent-ils que les sciences de l’Homme n’ont pas leur place pour «bâtir un nouveau monde»?

Cela étant dit, examinons de plus près le contenu de cet ouvrage, qui s’ouvre sur une présentation générale, suivie d’un chapitre intitulé Au commencement la liberté, contenant trois exposés, le tout sous la plume de Denis Guthleben. Le premier texte retrace le processus de création du CNRS, juste avant la seconde guerre mondiale, par Jean Perrin et Jean Zay, le deuxième rappelle la fondation, dès l’année 1930, de l’IBPC (Institut de biologie physico-chimique), dont les brillants résultats scientifiques ont inspiré la réorganisation de la recherche française, et le troisième met l’accent sur le parcours militant de l’ethnographe Germaine Tillion, qui, elle aussi, avait entrepris ses travaux de recherche dans les années trente.
Vient ensuite la partie proprement scientifique de l’ouvrage, qui comporte 18 chapitres couvrant un grand nombre de domaines scientifiques et un chapitre sur le CNRS et l’Europe.
Je crois intéressant de lister ici les titres de ces chapitres, afin de montrer l’étendue du domaine scientifique parcouru, à la restriction près énoncée ci-dessus : Au cœur de la matièreObserver jusqu’aux confins de l’UniversQu’est-ce que la vie ?Au défi de la TerreMathématique, mathématiquesSaisir un monde en mouvements(s)La transition énergétiqueL’océan comme laboratoireLes médicaments, du laboratoire au patientLes atomes, un siècle après Jean PerrinL’ingénierie, une science, un art…Les neurones entrent en scèneL’informatique, une science à partLes économistes à la conquête du vaste mondeL’horizon européen du CNRSLes matériaux, une longue histoireUne chimie verte enracinée dans la sociétéEnvironnement et développement durableLe changement climatique : étudier, comprendre et agir!
Chacun des chapitres comporte plusieurs articles, illustrés en couleurs et signés par des spécialistes du domaine.
Il n’est pas question de tenter ici de résumer les articles contenus dans les différents chapitres ; ce n’est pas le but d’une note de lecture et de plus, ces articles sont déjà concis par eux-mêmes. Il faut d’ailleurs savoir gré aux différents auteurs d’avoir su utiliser un langage non spécialisé, accessible à tous les publics.

Pour résumer, si l’on oublie la réserve concernant les sciences de l’Homme et de la société, nous avons là un beau document qui donne un bon aperçu d’une partie de l’activité scientifique au sein du CNRS.