Les membres de l’Afas publient régulièrement des notes de lectures. Elles sont à retrouver ici.
Ouvrage collectif
(Belin, 2017, 336 p. 22€)
Ce livre co-écrit par 40 blogueurs, dessinateurs ou youtubeurs, donne un éclairage original et ludique de la science : pourquoi le sang bleu des limules peut sauver des vies ; quelle était véritablement l'opposition entre Edison et Tesla ; les plantes sont-elles intelligentes ? ; la constante "tau" va-t-elle détrôner "pi" ? ; le mythe de l'utilisation de notre cerveau à 10% de sa capacité ; les animaux sont souvent infanticides ; il faut remercier les virus ; Lenna, la pin-up qui sert de banc d'essai aux informaticiens...
Cet ouvrage est facile et agréable à lire et, en même temps, il dénonce un certain nombre d'idées fausses et fait découvrir nombre de phénomènes peu connus ou étranges. A emporter absolument à la plage !
Nick Battey et Mark Fellowes
(Le Courrier du livre, 2017, 162 p. 18 €)
J’ai lu cet ouvrage par curiosité, interpelée par le titre et par la collection "3 minutes pour comprendre", que je ne connaissais pas. Cette collection traite, en plus de 30 ouvrages, des grandes théories économiques, scientifiques, politiques, religieuses, de la mythologie, des inventions de Léonard de Vinci… Interpellant non ?
L’ouvrage concernant la biologie est de deux auteurs américains, Nick Battey et Mark Fellowes, professeurs en développement végétal pour le premier et en écologie pour le second, à l’université de Reading. L’ouvrage français a été traduit et adapté par Michèle Monin.
En 160 pages, les auteurs abordent sept domaines de la biologie : la vie, les gènes, des gènes aux organismes, la croissance et la reproduction, énergie et nutrition, l’évolution, l’écologie. Vaste programme !
La structure du livre est à souligner : chacun de ces sept domaines correspond à un chapitre d’une dizaine de parties ; le découpage des chapitres est de même nature : en premier un glossaire, en dernier une controverse, et vers le milieu un profil de grand biologiste - j’ai surtout retrouvé des biologistes américains sur les sept profils présentés !
Chaque partie, ou sujet, est présenté en une page (page de gauche) et en un seul paragraphe "théorie en 30 secondes". Pour le lecteur encore plus pressé, la "dissection en 3 secondes" est présentée en encart, en une seule phrase. Sous cet encart, ce qui est appelé "synthèse en 3 minutes" ouvre à un questionnement ou une réflexion sur le sujet. Il est possible d’avoir ainsi en quelques minutes une présentation scientifique actualisée très synthétique. Aussi, à qui cet ouvrage peut-il s’adresser ? Il faut déjà un bon niveau de connaissances dans les domaines abordés pour en saisir selon moi l’intérêt. Quant aux illustrations présentées en page de droite, elles m’ont demandé plus de 3 secondes pour en comprendre le sens : une seule illustration par partie, superbe photo non légendée, composition d’un artiste très inventif : pour exemple, en page 117, partie sur l’évolution, chapitre sur la sélection sexuelle, la photo "les parades nuptiales ont évolué en réponse au processus de sélection des partenaires sexuels par la femelle" est une vraie œuvre d’art ; elle nécessite quelque temps pour repérer ce qui est représenté, même si la voiture ou le coq sont très vite identifiables.
Je garde cet ouvrage bien précieusement car je pourrai le présenter aux réfractaires à la biologie en leur disant : la biologie c’est de l’art et c’est le vrai questionnement actuel : les origines de la vie, la reproduction, l’énergie, les changements climatiques, les espèces envahissantes…
Bonne lecture cet été !
Derek Lowe
(Dunod, 2016, 528 p. 29 €)
Derek B. Lowe est un chimiste américain qui a fait le choix d’écrire un livre sur la chimie sans aucune formule chimique et avec de superbes images. Le classement est chronologique et on peut y trouver l’histoire de la science de la transformation de la matière, depuis la Haute Antiquité jusqu’à nos jours. Pour toutes ces raisons, le non-chimiste pourra lire ce document sans difficulté et il pourra faire le lien avec l’histoire de la science en général, et même l’histoire tout court ; le chimiste, quant à lui, va y trouver quantité d’informations et d’anecdotes qui vont le ravir. Les professeurs du secondaire qui enseignent la chimie devraient avoir ce livre sur leur table de chevet car quoi de plus intéressant pour les élèves que de faire le lien entre le monde réel et la chimie, science qui leur semble toujours plutôt ésotérique ?
Il y a 3300 ans, des hommes arrivaient à manipuler du cuivre et plus tard, en y ajoutant d’autres métaux dont l’étain, ils fabriquaient les premiers artéfacts sophistiqués. Peu de temps après, ils préparaient le fer. Cette protochimie posait des questions sur l’existence de « racines » de l’ensemble des substances. Et c’est ainsi que la théorie d’Empédocle sur les quatre éléments - la terre, l’air, le feu et l’eau -, bien que simpliste et fausse, allait durer 2000 ans. En revanche, la supputation des atomes par Démocrite, quelques centaines d’années av. J.-C., était juste mais n’a été prouvée que quelques milliers d’années plus tard. Le livre se termine avec quelques hypothèses vraisemblables sur le stockage de l’hydrogène et la photosynthèse artificielle à l’horizon 2015-2030, mais surtout par le microscope à force atomique qui permet d’observer réellement les molécules. Le rêve de tous les chimistes organiciens !
Bien que d’origine anglo-saxonne, ce livre n’oublie pas les savants français et on y rencontre Louis Le Châtelier, Claude-Louis Berthollet, Joseph Louis Gay-Lussac et bien sûr, Antoine Laurent Lavoisier, Louis Pasteur et les Curie. On y trouve aussi tous les savants méconnus qui pourtant ont fait avancer la science. Je citerai mon cher baron Charles Cagniard de Latour qui, avec un canon de fusil et une bille en agate, a trouvé l’état critique, et Marguerite Perey qui a découvert le dernier élément naturel, le francium.
Le livre de D. B. Lowe est donc passionnant à lire et magnifiquement illustré. Le langage utilisé permet une lecture facile à tous ceux pour lesquels la chimie est absconse et les informations contenues peuvent aussi satisfaire les scientifiques les plus confirmés. Par ailleurs, toute personne utilisant l’adjectif chimique avec un sens péjoratif, comme c’est la mode en ce moment, devrait être condamnée à lire ce livre, et en plus elle y prendrait un grand plaisir !
Christian Bracco
(CNRS Editions, 2017, 232 p. 22 €)
Ce livre présente une partie peu connue du grand public de la vie d'Albert Einstein, sa jeunesse en Italie où, à partir de 1894, son père avait installé ses usines d'appareils électriques et électrotechniques après avoir quitté Munich.
L'année 1905 voit Albert Einstein concrétiser les idées qui lui ont permis de révolutionner la physique : cet ouvrage tente d'expliquer comment Albert Einstein en est arrivé là, comment son environnement familial, amical, professionnel et scientifique explique l'avènement de cette année miraculeuse.
Un livre bien documenté et très précis, qui intéressera sans aucun doute tous ceux qu'Albert Einstein passionne.
Thibault Damour, Mathieu Burniat
(Dunod, 2017, 208 p. 15,90 €)
Expliquer le monde quantique par une BD est une aventure plutôt osée, c'est pourtant le pari tenté (et réussi) par Thibault Damour et Mathieu Burniat.
En suivant les péripéties du héros Bob accompagné de son chien Rick, nous rencontrons les principaux "inventeurs" de l'univers quantique : Max Planck, Albert Einstein, Niels Bohr... Tous croqués avec humour et réalisme, ils nous expliquent comment ils ont été amenés à proposer leurs théories improbables et quasi mystérieuses décrivant les phénomènes physiques de l'infiniment petit.
Les explications sont simples et claires, les dessins accompagnent avec talent et poésie le discours : à lire absolument si on s'intéresse à la physique quantique.
Joanne Baker
(Dunod, 2017, 208p. 15,90 €)
Ce livre s'attaque à un défi de taille : faire comprendre le monde quantique sans faire appel à des notions de mathématiques supérieures. 50 idées clés sont parcourues, dessinant ainsi un panorama assez complet de la physique de l'infiniment petit : la vitesse de la lumière, l'équation de Schrödinger, l'effet tunnel, le chat de Schrödinger, les inégalités de Bell... Toutes ces notions font apparaître un monde étrange et déroutant que notre imagination cartésienne a bien du mal a cerner !
Ce livre est mis en page de façon claire, avec des anecdotes et des schémas qui rendent sa lecture plutôt agréable.
Nicolas Mathevon, Eliane Viennot
(Belin, 2017, 333 p. 22 €)
Cet ouvrage, publié sous la direction de Nicolas Mathevon et d’Eliane Viennot, qui en ont écrit l’avant-propos, se penche sur la différence entre sexes, considérée dans le contexte des recherches actuelles dans différents domaines et des politiques publiques visant à la mise en œuvre de l’égalité entre les femmes et les hommes. La différence hiérarchisée des sexes relève d’une pensée ancienne, par exemple comme l’écrivait Jean-Jacques Rousseau dans l’Emile : « Il n’y a nulle parité entre les deux sexes… ». Même si aujourd’hui de nombreuses recherches se penchent sur la question de l’(in)égalité entre les sexes, le monde de la recherche est influencé par les idées reçues et les stéréotypes de la société qui l’entoure.
Le livre rassemble 10 chapitres, écrits par les meilleur·e·s chercheur·e·s français·e·s, analysant les différences entre sexes dans des disciplines diverses : études cinématographiques, biologie du comportement animal, droit du travail, littérature française du XVIIe siècle, biologie du développement de l’appareil génital, arts du spectacle-danse, psychologie sociale, musicologie, histoire du sport, études de la Renaissance, éthologie des primates non humains.
Chaque chapitre suit un plan analogue, permettant de faire le point sur le domaine :
- quelques exemples de recherches et de résultats ;
- état des recherches et du questionnement dans la discipline ;
- des biais idéologiques ?
Cet ouvrage constitue un panorama très complet des recherches passées et actuelles sur ce qu’est être un homme ou une femme. Nicolas Mathevon et Eliane Viennot émettent un message d’espoir. Pour eux, la prise de conscience de l’enrichissement de chaque discipline par la considération de la différence des sexes fait son chemin ; cette considération exige des contacts multidisciplinaires, entre sciences du vivant et sciences humaines, qui sont très fructueux..
Fritz Kayzer, Erik C. Böttger, Peter Deplazes, Otto Haller, Axel Roers
(Lavoisier, 2016, Coll. Atlas de poche, 2e édition, 741 p. 79 €)
Il faut comprendre cet ouvrage comme une vue d’ensemble de toute la microbiologie médicale : 741 pages, denses, illustrées, concises, avec comme thèmes bien évidemment, la bactériologie, la mycologie, la virologie et la parasitologie mais aussi, et cela est plus original, l’immunologie, l’épidémiologie et l’hygiène (avec notamment les maladies nosocomiales). Un premier chapitre apporte, de plus, les bases fondamentales et un dernier, une vue d’ensemble des principales maladies infectieuses et leurs causes. Bel ouvrage de synthèse vous le concéderez.
Ce manuel est adapté aux exigences de l‘enseignement en vigueur en Allemagne. Il s’agit d’une traduction de la 13e édition allemande. Il me semble aussi très adapté aux étudiants français, et au-delà, aux médecins généralistes dans leur pratique auprès des patients.
Le propos est clair, le plan facile à suivre, le système de repérage couleur efficient. Le résumé avant chaque thème est utile ; certains résumés ressemblent cependant plus à une liste de mots clés (comme dans les chapitres 1 et 2) qu’à un vrai résumé rédigé (comme dans le chapitre 3). La webographie a été adaptée lors de la traduction car elle est faite de sites français essentiellement.
Jean-Claude Boulliard
(Dunod, 2016, 240 p. 22 €)
Si un livre mérite le qualificatif de superbe, c’est bien l’ouvrage de Jean-Claude Boulliard intitulé : 101 minéraux et pierres précieuses. Il associe de magnifiques photos avec des textes didactiques et scientifiques de bon niveau.
On commence par une explication sur la formation des atomes, puis leur association pour créer les minéraux qui nous entourent. Il y a 4,6 milliards d’années, il n’existait qu’une douzaine de minéraux. Cinquante millions d’années plus tard, on en compte 250 et maintenant, des milliers. Ce qui est surprenant, c’est l’influence importante de la vie et de l’oxygène sur l’évolution des minéraux.
Le livre est structuré en quatre chapitres : les antiques, les nouvelles merveilles, les curiosités et les industrielles. Chaque minéral possède sa page descriptive comportant sa formule chimique et ses caractéristiques physiques, mais aussi l’histoire de sa découverte, sa répartition dans le monde et les anecdotes correspondantes. Sur la page de droite, on trouve une photographie couleur grand format. L’organisation est plus ou moins alphabétique.
Dans le premier chapitre, l’auteur décrit les pierres précieuses connues et employées par l’homme comme parure depuis le Paléolithique. On y trouve, entre autres l’agate, l’améthyste (du nom de la nymphe éponyme), le diamant (dont le célèbre Hope), l’émeraude, l’or, jusqu’au zircon.
Le deuxième chapitre concerne les nouvelles merveilles, pierres qui sont apparues au XXe siècle et dont les noms sont plutôt ésotériques. Si l’on connaît bien le platine, en revanche l’amazonite, en passant par la chrysocolle, la spessartine jusqu’à la cordiérite, sont moins connues du néophyte. Ces minéraux sont aussi beaux que ceux du chapitre précédent bien que largement moins connus.
Dans le troisième chapitre, on s’intéresse aux minéraux qui passionnent les collectionneurs, descendants des créateurs de cabinet de curiosité du XVIe siècle. La titanite, l’euclase, la vésuvianite sont particulièrement belles et d’autres comme la jeremejevite ou la planchéite sont étranges. La cérusite, la vanadite et la cuprosklodowskite font intervenir des atomes plus exotiques comme l’uranium par exemple.
Enfin, le dernier chapitre décrit les minéraux fournissant les métaux et matériaux usuels. Ils ne sont pas moins beaux que les précédents. Le cuivre est décrit en premier, puis suivent le fer et ses sulfures, oxydes, hydroxydes et cabonates, puis d’autres cristaux tels que le rutile, à base de titane, et la sphalérite, un sulfure de zinc. De superbes cristaux comme l’orpiment cachent des atomes d’arsenic. On termine par l’orthose, puis un glossaire et le tableau de Mendeleïev, nécessaire pour situer les différents atomes.
Le complément au titre de l’ouvrage de Jean-Claude Boulliard : qu’il faut avoir vus dans sa vie correspond bien à ce que l’on ressent après l’avoir lu. Ce livre mérite d’être dans la bibliothèque de tout un chacun sensible à la beauté de la nature.
Philippe de Wailly
(Ed. Med'Com, 2016, 272 p. 65 €)
Il n’est plus nécessaire de présenter le docteur vétérinaire Philippe de Wailly, président honoraire de l’Académie vétérinaire de France, qui depuis de nombreuses années reste encore notre principale référence dans le domaine vétérinaire des oiseaux de volière. C’est pourquoi un livre sur des oiseaux aussi particuliers du fait de leur capacité de parler et même de raisonner ne pouvait être écrit que par ce spécialiste qui a rencontré de nombreux propriétaires, dont certains très connus comme Françoise Delord, fondatrice du zooparc de Beauval (qui a préfacé ce livre), ou la princesse Shams Pahlavi, qui nous fait ainsi profiter de son inestimable expérience.
Ce sont surtout les psittacidés qui ont passionné notre vétérinaire écrivain. C’est pourquoi un premier chapitre nous présente en premier lieu un bref historique consacré aux perroquets. Le chapitre suivant est un recueil de multiples témoignages parfois très surprenants introduisant ainsi le troisième chapitre traitant de l’intelligence des psittacidés. On ne peut être que convaincu de cette intelligence après la lecture de ces deux chapitres que l’on lit avec beaucoup de curiosité, tant les exemples et/ou les arguments sont nombreux et passionnants.
Les quatrième et cinquième chapitres apportent des informations utiles sur le logement et l’alimentation des psittacidés.
Puis le sixième chapitre, le plus important, nous présente les différentes races de psittacidés et d’autres oiseaux parleurs, qu’il s’agisse des sturnidés (mainates, étourneaux) ou des corvidés (corneilles, pies et geais). Ce chapitre est très illustré, avec parfois un encart rappelant l’expérience d’un propriétaire et/ou des informations particulières (alimentation, reproduction, logement, etc.) pour une race donnée. On découvre aussi beaucoup de témoignages très divers se rapportant aux autres oiseaux parleurs.
Enfin, le septième chapitre est bien sûr consacré aux maladies de ces oiseaux dont certaines leur sont spécifiques comme la maladie de Pacheco ou la maladie du bec et des plumes des psittacidés. Un dernier chapitre « Petit dictionnaire des maladies » le complète parfaitement.
Dans ce livre, Philippe de Wailly nous fait profiter d’une expérience de plusieurs décennies sur la médecine et la connaissance des oiseaux parleurs. Mais il nous apprend surtout combien ces oiseaux peuvent être intelligents. Ainsi, il s’agit d’animaux exceptionnels, capables de parler mais aussi de raisonner et l’on pourrait en douter si l’auteur n’avait pas fourni autant d’exemples pour nous convaincre. Nous ne regarderons plus certains de ces oiseaux parleurs comme de simples animaux capables de répéter un son sans le comprendre. Au contraire, nous sommes émerveillés de découvrir leur extraordinaire diversité et leurs possibilités de communication avec leur propriétaire et son environnement.
Nous ne pouvons que recommander ce livre qui apporte de nombreuses informations utiles et dont la multitude d’anecdotes permet une lecture facile et passionnante.