L’affaire de la maladie de Lyme. Une enquête

Roger Lenglet et Chantal Perrin

(Actes Sud, 2016, 160 p. 19,80 €)

 
L'affaire de la maladie de Lyme. Une enquête (R. Lenglet, C. Perrin, Actes Sud, 2016)La maladie de Lyme est en progression constante dans de nombreux pays, principalement pour des raisons écologiques (réchauffement climatique, augmentation du nombre de réservoirs d’animaux sauvages, etc.). En France, cette maladie a été longtemps sous-estimée ou mal diagnostiquée. Il faut souligner que le diagnostic de cette affection est souvent difficile à confirmer tant les aspects cliniques peuvent être variés et l’interprétation d’un résultat de laboratoire parfois difficile à interpréter. Ces difficultés se traduisent souvent par des discussions passionnées entre les scientifiques, les médecins du terrain et/ou les malades dans les congrès sur ce sujet. Deux journalistes, qui ont enquêté sur cette maladie dans différents pays, témoignent de toutes ces difficultés sous le titre L’affaire de la maladie de Lyme. Une enquête.
Dans ce petit livre, les auteurs présentent dans un premier chapitre la maladie de Lyme et l’errance de plusieurs malades diagnostiqués trop tardivement. Le second chapitre rappelle aussi les aspects épidémiologiques et cliniques de cette affection dans le monde entier, en particulier la recrudescence actuelle signalée dans plusieurs pays et la possibilité de co-infections. Puis, dans un troisième chapitre intitulé « Les autorités restent sourdes », les auteurs signalent le retard des autorités françaises par comparaison avec d’autres pays pour la prise en compte de ce problème de santé publique. Ils rapportent en particulier les difficultés du laboratoire Schaller de Strasbourg, fermé en mai 2012 pour avoir détecté trop de malades de Lyme en utilisant un test d’origine allemande.
Le chapitre suivant, intitulé « Médecins et malades se rebiffent », est tout à fait d’actualité en ce mois de juillet 2016 où l’on a pu noter une pétition d’une centaine de médecins français[1]. Ceci a tout d’abord été le cas aux Etats-Unis à partir des années quatre-vingt-dix, puis plus tard en Europe. Dès 1999 un groupe de médecins et de chercheurs fondaient l’ILADS (International Lyme and Associated Diseases Society) pour faire face à l’IDSA (Infectious Diseases Society of America), en particulier pour faire reconnaître la forme chronique de la maladie de Lyme. Il y a eu une conférence de consensus en France en 2006 mais la maladie de Lyme était classée deux ans plus tard dans les maladies rares du site www.orphanet.fr. Les associations de malades se sont aussi révélées très efficaces dans le monde entier du fait des possibilités offertes par les médias et Internet. En France, rappelons le documentaire réalisé en 2014 pour France 5 par Chantal Perrin (La maladie de Lyme, quand les tiques attaquent) et qui a fait l’objet de plusieurs rediffusions. On peut aussi se poser la question des autres modes de transmission de la maladie de Lyme : transmission in utero, par l’allaitement, par transfusion sanguine, par le sperme ou les sécrétions vaginales ou encore par d’autres vecteurs (aoûtats, taons, moustiques, punaises).
Enfin, le dernier chapitre présente les solutions permettant de prévenir individuellement et collectivement cette redoutable maladie : comment éviter la morsure (vêtements clairs et couvrants, affiches, répulsifs, inspection, poules dans les jardins à tiques, etc.) ou enlever la tique (tire-tiques), comment reconnaître cliniquement et traiter la maladie de Lyme (traitement précoce) ?
En conclusion, l’enquête de ces auteurs est très bien menée, en présentant et expliquant les aspects complexes de la maladie de Lyme. Il est certain que ce document aidera le lecteur à mieux comprendre les multiples visages de cette maladie.
Enfin, signalons que l’Académie nationale de médecine a pris conscience de ce problème puisque la séance programmée pour le 20 septembre 2016 est dédiée à la maladie de Lyme.