L’expédition Lapérouse. Une aventure humaine et scientifique autour du monde

Bernard Jimenez

(Glénat, 2019, 208 p. 35€)

 
L'expédition de Lapérouse. Une aventure humaine et scientifique autour du monde (B. Jimenez, Glénat, 2019)Le nom de Lapérouse stimule l’imagination. Il est synonyme d’aventures, de sciences, de découvertes géographiques, mais aussi de disparition mystérieuse. Le livre de Bernard Jimenez, magnifiquement illustré et extrêmement bien documenté, permet de suivre dans le détail cette aventure humaine et scientifique autour du monde, jusqu’au drame final. Grâce à des photos et des textes annexes, il décrit aussi ce que sont devenus les différents sites visités par Lapérouse, ce qui replace l’itinéraire dans le monde d’aujourd’hui.

Bien que né à Albi, au milieu des terres, le jeune Jean-François de Galaup, futur Lapérouse, va aller vers la mer. Le petit garçon, subjugué par les histoires racontées par des cousins officiers de marine, entrera dans une école navale à Brest. Il progressera vite et ses prouesses militaires le feront connaître.
A trente-six ans, il a la croix de Saint-Louis et des revenus confortables. Par ailleurs, au grand désespoir de son père, il fait un mariage d’amour.

Louis XVI, porté vers les sciences, va engager Lapérouse pour une grande expédition autour du monde. Il s’agit, entre autres, de remplir les blancs que Cook a laissés au cours de ses voyages. On découvre dans le livre la complexité d’organisation d’une exploration qui doit durer quatre ans. La nature de la nourriture doit être particulièrement étudiée car on sait que le scorbut fait de nombreuses victimes lors de ce type d’expédition. Les bateaux doivent résister pendant de longues années aux tempêtes et aux tarets entre autres, et Lapérouse fait donc transformer des flûtes en frégates. Il est nécessaire aussi de rechercher les instruments scientifiques les plus sophistiqués de l’époque – ils emportent un chronomètre de Berthoud, dont l’atelier se trouve toujours au musée des Arts et Métiers, ainsi que la célèbre toise du Pérou, qui avait été utilisée par La Condamine en 1735 pour mesurer trois degrés du méridien au Pérou.

Le 1er août 1785, les deux frégates, La Boussole et L’Astrolabe, quittent Brest pour un voyage qui les mènera successivement à Madère, à Ténérife, à l’île de la Trinité, à l’île Saint-Catherine (au large du Brésil), et après le passage du cap Horn, à Concepción, à l’île de Pâques, en Alaska, à Monterey, puis à Macao, à Manille, en Manche de Tartarie, au Kamtchatka – où le jeune Barthélémy de Lesseps les quittera pour, à travers la Sibérie et l’Europe, porter les documents du voyage, ce qui est en soi une épopée extraordinaire –, et enfin à Botany Bay en Australie.
Le 10 mars 1788, l’expédition repart pour les îles Tonga et la Nouvelle-Calédonie mais on n’en aura plus de nouvelles. Dès 1790, on pense à un accident et d’Entrecasteaux part à leur recherche avec les frégates La Recherche et L’Espérance, mais l’expédition est un échec et se termine en drame. Bernard Jimenez nous fait vivre alors une enquête passionnante qui va durer deux cents ans et qui permet maintenant d’avoir une idée assez précise de ce qui s’est passé.

Ce livre se lit comme un roman de Jules Verne, avec beaucoup d’informations scientifiques, géographiques, anthropologiques, entre autres. On vit au jour le jour avec les savants et l’équipage d’une des plus grandes explorations du monde faite par la France. On mesure les difficultés et le courage de ces aventuriers confrontés aux éléments naturels mais aussi aux indigènes parfois «légèrement anthropophages» (James Cook a été assassiné par les Hawaïens en 1779).
Un excellent livre d’aventures vécues, qu’on relit volontiers.