Science et religion

Sous la direction de Claude Dargent, Yannick Fer et Raphaël Liogier

(CNRS Editions, 2017, 250 p. 25€)

 
Science et religion (CNRS Ed., 2017)Science et religion : le sujet est vieux comme la science, sinon même vieux comme la religion et donc comme l’humanité si l’on considère que l’homme se distingue de l’animal par sa capacité de croire et son besoin de savoir.
Sujet vieux comme le monde et pourtant toujours quelque peu tabou puisque touchant au sacré, et quelque peu délicat à aborder.
Ce livre est donc le bienvenu, il est un utile jalon sur une longue route, même si bien sûr il n’épuise pas le sujet.

Sujet difficile car le résultat de l’observation, comme en physique quantique, est influencé par l’observateur. En effet, chacun appartient, pour reprendre les catégories que l’un des auteurs utilise, à l’une de ces trois catégories : croyant, agnostique ou athée. Et selon que l’observateur est croyant, agnostique ou athée, sa vision des relations entre science et religion sera différente, ou soupçonnée de l’être. Forcément.

Les huit contributions de l’ouvrage ont pour titres :

  • Les formes religieuses de la recherche expérimentale : expérimenter et croire dans la science anglaise du XVIIe siècle,
  • Liberté religieuse ou liberté de pensée du scientifique ? Une réponse théologique et canonique de l’Eglise catholique face à l’exercice problématique de la liberté scientifique,
  • La promotion de l’histoire sous le pontificat de Jean-Paul II. Une science au service de la purification de la mémoire et de la nouvelle évangélisation,
  • L’Eglise au secours de la Science : le discours pontifical dans la réflexion écologique autour de l’anthropocentrisme
  • Les sciences sociales au secours des Eglises protestantes : l’exemple du « mariage pour tous »,
  • Faire de la science, croire en Dieu. Recherche d’exoplanètes et foi à l’intérieur d’une communauté scientifique d’astrophysiciens,
  • Sacralisation des âmes, de la vie puis de la science. Trois formes du sacré en confrontation en Ethiopie,
  • La religion de l’amélioration : le transhumanisme et la sacralisation contemporaine des neurosciences.

Où l’on voit, par ce seul inventaire, par la richesse des thèmes abordés, à quel point science et religion ont partie liée.
On se promène, au gré de ces études, toutes pleines d’enseignement, à travers les sujets et les points de vue, à travers les époques, à travers les continents… et toujours on constate cet entremêlement de savoirs et de croyances, de raison et de foi.
Comment pourrait-il en être autrement d’ailleurs ? On ne peut savoir sans croire (à la solidité et à la justesse de ce qu’on sait), ni croire sans savoir (sans avoir nommé ce en quoi l’on croit). Science et religion : chacun peut être tenté de donner la primauté à l’une sur l’autre, mais l’une et l’autre, fondamentalement, ont un seul et même objectif : le refus des fausses croyances et des faux savoirs ; l’une et l’autre, pour éviter les pièges mortels de la certitude et du dogmatisme, ont un seul et même guide : le doute.

Dans sa postface, « Science et religion, de la modernité en puissance à la modernité en acte », c’est bien ce qu’exprime Raphaël Liogier ; il conclut l’ouvrage par cette phrase : « Lorsque la laïcité, ou du moins ses représentants, prétendent s’appuyer sur une science incritiquable pour combattre l’irrationalité, elle sort déjà de son domaine et de sa fonction en projetant une idéalité incritiquable. »