Pasteur

Cédric Grimoult

(Ellipses, 2021, 336 p. 26€)

 
Pasteur (C. Grimoult, Ellipses, 2021)A l’occasion du bicentenaire de la naissance de Pasteur, de nombreuses manifestations sont prévues, notamment en décembre 2022, et paraissent également plusieurs ouvrages. Celui de Cédric Grimoult permet de suivre le cheminement des travaux de ce savant très éclectique dans l’enchaînement de ses découvertes.

Après une agrégation de science physique préparée à l’Ecole normale supérieure, Pasteur préfère à l’enseignement le laboratoire de chimie de la rue d’Ulm. C’est alors qu’à 23 ans, il s’intéresse à la cristallographie et, après 10 ans, reçoit la médaille Rumford pour ses travaux exceptionnels dans les domaines de la thermique ou de l’optique.
Mais à 32 ans, professeur de chimie à Lille où il restera trois ans avant de revenir sur Paris, il s’oriente vers la recherche sur les fermentations (nature du ferment lactique, milieu propre au développement des levures…). Il reçoit plusieurs prix de l’Académie des sciences mais découvre aussi les confrontations entre scientifiques face à sa théorie sur les fermentations. Le débat sur la génération spontanée durera dix-huit ans, jusqu’en 1877.
A partir de 1862, Pasteur s’étant fait connaître d’un large public, il commence à intéresser les industriels français pour améliorer la fabrication du vinaigre et du vin.
En 1865, il est appelé pour lutter contre la maladie chez les vers à soie dans les Cévennes, alors qu’il n’avait aucune compétence sur cette production particulière. Il y consacrera six années avec succès malgré les critiques et publiera en 1870 ses Etudes sur les vers à soie. C’est alors qu’il commencera à s’intéresser plus particulièrement aux germes responsables de maladies humaines et animales, notamment le choléra. Il est soutenu par le couple impérial, après avoir rencontré Napoléon III le 19 mars 1863.
Il sera marqué par la guerre de 1870 (il sera très nationaliste et antiprussien) et les épidémies de variole et de typhoïde concomitantes. C’est pourquoi il s’attaquera au problème des maladies infectieuses, qui lui vaudra sa réputation internationale. Il préconise surtout une hygiène stricte en toutes circonstances. En 1877, c’est à la demande du ministre de l’Agriculture qu’il étudie le charbon, qu’il redéfinit «maladie de la bactéridie». Il présentera ses travaux à l’Académie de médecine, où les discussions seront parfois vives avec le vétérinaire Colin !
Puis ce sera l’épopée vaccinale, de 1880 à 1886 : choléra des poules, charbon, rouget du porc puis le choléra. Il s’intéresse ensuite à la rage, dont le vaccin a été mis au point par le vétérinaire Galtier avec le succès et les polémiques associées. Puis il s’intéresse à la tuberculose, une fois de plus (après le choléra) en compétition avec l’Allemand Robert Koch, qui a découvert la bactérie. L’essaimage des «laboratoires de recherche» créés avec ses disciples dans plusieurs parties du monde témoignera de l’importance de la recherche médicale française à cette époque, avec Adrien Loir en Australie, Albert Calmette à Saïgon, Charles Nicolle en Afrique du Nord, Alexandre Yersin en Indochine…

La vie de Pasteur sera aussi une vie de deuils familiaux et de maladies. Après une attaque d’hémiplégie en 1868, il en subit une seconde en 1887, puis une troisième en 1895, qui le laisse paralysé. A sa mort en septembre 1895, la République lui offrira des funérailles nationales.

Ce livre est écrit par un historien témoignant du talent de Pasteur, qui fut un visionnaire, un découvreur de premier plan. L’auteur n’a pas toujours signalé que, parfois, Pasteur a surtout su développer les découvertes faites par d’autres scientifiques. Il reste néanmoins un bienfaiteur de l’humanité.