Le beau livre de la chimie. De la poudre à canon aux nanotubes de carbone

Derek Lowe

(Dunod, 2016, 528 p. 29 €)

 

Le beau livre de la chimie (D.B. Lowe, Dunod, 2016)

Derek B. Lowe est un chimiste américain qui a fait le choix d’écrire un livre sur la chimie sans aucune formule chimique et avec de superbes images. Le classement est chronologique et on peut y trouver l’histoire de la science de la transformation de la matière, depuis la Haute Antiquité jusqu’à nos jours. Pour toutes ces raisons, le non-chimiste pourra lire ce document sans difficulté et il pourra faire le lien avec l’histoire de la science en général, et même l’histoire tout court ; le chimiste, quant à lui, va y trouver quantité d’informations et d’anecdotes qui vont le ravir. Les professeurs du secondaire qui enseignent la chimie devraient avoir ce livre sur leur table de chevet car quoi de plus intéressant pour les élèves que de faire le lien entre le monde réel et la chimie, science qui leur semble toujours plutôt ésotérique ?

Il y a 3300 ans, des hommes arrivaient à manipuler du cuivre et plus tard, en y ajoutant d’autres métaux dont l’étain, ils fabriquaient les premiers artéfacts sophistiqués. Peu de temps après, ils préparaient le fer. Cette protochimie posait des questions sur l’existence de « racines » de l’ensemble des substances. Et c’est ainsi que la théorie d’Empédocle sur les quatre éléments – la terre, l’air, le feu et l’eau -, bien que simpliste et fausse, allait durer 2000 ans. En revanche, la supputation des atomes par Démocrite, quelques centaines d’années av. J.-C., était juste mais n’a été prouvée que quelques milliers d’années plus tard. Le livre se termine avec quelques hypothèses vraisemblables sur le stockage de l’hydrogène et la photosynthèse artificielle à l’horizon 2015-2030, mais surtout par le microscope à force atomique qui permet d’observer réellement les molécules. Le rêve de tous les chimistes organiciens !

Bien que d’origine anglo-saxonne, ce livre n’oublie pas les savants français et on y rencontre Louis Le Châtelier, Claude-Louis Berthollet, Joseph Louis Gay-Lussac et bien sûr, Antoine Laurent Lavoisier, Louis Pasteur et les Curie. On y trouve aussi tous les savants méconnus qui pourtant ont fait avancer la science. Je citerai mon cher baron Charles Cagniard de Latour qui, avec un canon de fusil et une bille en agate, a trouvé l’état critique, et Marguerite Perey qui a découvert le dernier élément naturel, le francium.

Le livre de D. B. Lowe est donc passionnant à lire et magnifiquement illustré. Le langage utilisé permet une lecture facile à tous ceux pour lesquels la chimie est absconse et les informations contenues peuvent aussi satisfaire les scientifiques les plus confirmés. Par ailleurs, toute personne utilisant l’adjectif chimique avec un sens péjoratif, comme c’est la mode en ce moment, devrait être condamnée à lire ce livre, et en plus elle y prendrait un grand plaisir !