Lavoisier

Eric Jacques

(Ellipses, 2019, 424 p. 26€)

 
Lavopisier (E. Jacques, Ellipses)Quand on s’intéresse à Lavoisier, il est difficile de ne pas l’admirer, et les ouvrages le concernant sont le plus souvent des panégyriques. Comment, en effet, ne pas être impressionné par la carrière de cet homme, riche, sérieux, froid, travailleur acharné, qui réussit à peu près tout ce qu’il entreprend : finances, chimie, thermodynamique, biologie, médecine, agronomie, cette liste n’étant pas exhaustive.

Le livre d’Eric Jacques apporte un nouvel éclairage sur ce personnage et sur sa faculté à grouper autour de lui et convaincre presque tous les grands savants de l’époque. On constate qu’en dehors de la chimie, où son action est en général connue, il a réformé l’Académie des sciences, a eu une importance considérable sur l’économie et les finances de la France, a dirigé la Régie des poudres et a effectué de nombreux travaux d’agronomie dans ses fermes expérimentales. Il a aussi participé à améliorer l’ensemble des institutions dont il avait la charge, jusqu’à la promotion du système métrique. Il a également été mêlé à la politique, ce qui, à cette époque, était plus un risque qu’autre chose.

Cette nouvelle biographie a le grand intérêt de développer des aspects moins connus de Lavoisier : son action pendant la Révolution et les dessous de son accusation et de son exécution, mais aussi l’influence de tous les personnages qui ont gravité autour de lui : Fortin, Lenoir et Mégnié pour ses instruments, Hassenfratz et Seguin, ses assistants, Meusnier, Laplace, Berthollet, ses collaborateurs – et, en plus, la plupart des savants de l’époque – mais aussi l’abbé Grégoire, qui a concrétisé les idées de Lavoisier sur la formation aux arts et métiers en créant la Conservatoire national des arts et métiers.

On y apprend aussi ce que sont devenus ses maisons, châteaux, terres, matériels et écrits. A Paris, ses maisons ont disparu, mais il reste une rue. Ses châteaux, dont celui de Freschines près de Blois, ont bien souffert. Heureusement, la majorité de ses appareils de chimie et ses écrits ont été conservés. Les premiers se trouvent au Musée national des techniques, où une salle leur est consacrée. Les seconds sont en grande partie à l’Académie et de nombreux directeurs d’éditions, dont madame Lavoisier, ont travaillé à les publier depuis 1801 jusqu’en 2012. En 2020 la tâche n’est toujours pas achevée. Il est par ailleurs triste que le célèbre tableau de David le représentant avec sa femme ait quitté la France, mais on peut se consoler en se disant qu’il a rejoint le pays d’adoption des du Pont de Nemours !

Plus qu’un illustre chimiste, Lavoisier est un personnage important de l’histoire de France, dont les multiples activités sont en général mal connues. Ce livre très bien documenté participe au comblement de cette lacune.