Exposition Météorites, entre ciel et terre

Alain Delacroix

Ancien professeur titulaire de la chaire « Chimie industrielle – Génie des procédés » du Conservatoire national des arts et métiers
 

© MNHN

Météorites entre ciel et terre (© MNHN,)

Il est de notoriété publique que les Gaulois avaient peur que le ciel leur tombe sur la tête. La superbe exposition Météorites, entre ciel et terre du Muséum national d’histoire naturelle à Paris [1], nous montre que c’est en partie vrai. En effet, cinq tonnes de météorites atteignent la terre par an et l’on estime qu’en France, il tombe en moyenne cinq météorites de 1 kg par an.
Bien qu’aucune victime humaine n’ait été constatée, il s’en est fallu parfois de peu. En 1954, la météorite de Sylacauga a traversé le toit d’une maison et a touché violemment la hanche de Mme Ann Elisabeth Hodges, lui provoquant un énorme hématome. En 1992, Mme Michelle Knapp a vu sa Chevrolet Malibu traversée par la météorite de Peekskill, et en 1972, celle de Valera a tué une vache. C’est la seule victime connue à ce jour par une pierre céleste (en faisant abstraction des dinosaures !).

Un météoroïde est un objet qui arrive de l’espace avec une vitesse de l’ordre de 50 000 km/h. Lorsqu’il arrive dans notre atmosphère, son freinage important dû au frottement de l’air produit une vive lumière appelée météore. Si le bolide est suffisamment gros, il arrive sur terre, souvent fragmenté, et devient une météorite.

Les météorites de fer ont été utilisées depuis bien longtemps comme source de fer métallique par les Egyptiens et les Inuits, ces derniers pour fabriquer des harpons et des couteaux. Avant l’invention de la sidérurgie, c’était la seule source de fer.

Des météoroïdes de grande taille ont créé sur terre des cratères, dont certains sont très visibles. Par exemple le Meteor Crater en Arizona, qui a été produit par un bolide de 100 m de diamètre. D’autres, plus petits, ont quand même fait l’actualité. Par exemple en février 2013, un météoroïde d’environ 20 m de diamètre a explosé en générant une onde de choc qui a blessé plus de 1000 personnes dans l’Oural.

La majorité des météorites viennent de la ceinture d’astéroïdes située entre Mars et Jupiter. Ils datent de la poussière d’étoiles à l’origine de la construction des planètes. Certaines, plus rares, proviennent de Mars ou de la Lune.

Il existe plusieurs types de météorites. Certaines ont fondu et leur cœur est constitué de fer métallique plus dense. Celui-ci peut arriver sur terre tel quel, après disparition de sa croûte rocheuse éliminée par les nombreux chocs rencontrés en chemin. D’autres, les chondrites – les plus abondantes – n’ont pas fondu et ressemblent à des pierres bien que leur composition chimique soit très différente des roches terrestres. D’autres encore, plus rares, viennent de Mars ou de la Lune et sont parfaitement identifiées grâce à notre connaissance de la composition des roches lunaires et martiennes.

Les météorites mettent autour d’une dizaine de millions d’années pour arriver jusqu’à nous. Certaines ont mis encore beaucoup plus de temps.

L’exposition Météorites, entre ciel et terre, d’un excellent niveau scientifique, est aussi très pédagogique. On peut y voir de très nombreuses météorites, dont certaines de grande taille, qui proviennent pour la plupart de la très riche collection du Muséum. On peut aussi les toucher et même les soupeser.
Les enfants ont accès à des espaces dont l’activité les passionne. Cette exposition ne tombe pas dans le travers actuel de l’abus d’écrans, et ceux qui sont proposés sont particulièrement spectaculaires.

A l’entrée de l’exposition, un grand écran nous montre le ciel avec le passage de quelques météores [2]. Je ne sais si, dans ce cas, un vœu peut être exaucé, mais celui que j’ai fait de revenir en famille et avec des amis et les petits-enfants a toutes chances de se réaliser !

 

[1] Exposition Météorite, entre ciel et terre, jusqu’au 10 juin 2018.
[2] Au moment où j’écris ces lignes, un météore important vient d’être observé en Alsace. Espérons que le réseau français de repérage FRIPON – qui date de 2016 – avec ses 84 caméras a réussi à trouver le lieu de chute.